Quelles pistes de croissance pour les PME françaises ?

Actualités - 25 janv. 2012

Entre rigueur budgétaire et monétisation de la dette, la mise en place d’un projet européen cohérent s’impose, selon  Lionel Nesta, directeur adjoint du département innovation et concurrence à l’OFCE. Voici en exclusivité son constat et ses explications.

                 

« Pour que les PME françaises retrouvent de la vigueur, il faudrait avant tout que la demande qui leur est adressée redémarre. Dans cet esprit, on peut s’interroger sur la pertinence de la politique budgétaire restrictive, politique motivée  par la nécessité qu’a l’Etat de montrer patte blanche aux marchés financiers qui pour partie le financent. Cela porte préjudice aux entreprises et notamment aux PME, car la demande globale émanant des entreprises et des ménages n’est ainsi pas soutenue. Il faudrait au contraire pouvoir revenir sur cette politique, au moins en partie. Comment donc amender cette politique budgétaire restrictive, si pénalisante pour la croissance de nos entreprises ? En l’accompagnant d’une politique monétaire expansive, nous proposent les manuels d’économie. Or cela n’est pas du ressort du seul gouvernement français et engage plus largement l’ensemble des partenaires économiques de la zone euro. De plus aujourd’hui, la Banque Centrale Européenne s’en tient à sa mission originelle, celle qui consiste à  maintenir le niveau des prix stable. La monétisation de la dette n’est pas d’actualité. Nous sommes donc confrontés à un cercle vicieux : la rigueur budgétaire est nécessaire pour ne pas faire déraper nos déficits, mais elle empêche toute relance keynésienne de l’investissement et de la consommation, relance qui créerait les conditions nécessaires à une sortie de crise, donc un meilleur contexte de croissance pour les entreprises.

 

Faudrait-il dès lors s’attacher à imiter le modèle allemand ? Après tout, on entend régulièrement dire que l’Allemagne est le modèle à suivre. Sa politique de désinflation compétitive, par la mise en place conjointe de la TVA sociale et de la modération salariale, a véritablement amélioré la compétitivité de ses entreprises. Toutefois ce modèle est difficilement généralisable à l’ensemble de la zone euro. Si tel était le cas, certes l’Allemagne verrait une partie de son avantage compétitif s’éroder, mais la demande intérieure de l’ensemble de la zone euro s’en trouverait déprimée. D’où des problèmes de débouchés pour les PME. L’Allemagne a donc joué cavalier seul et sans ses partenaires européens.

 

 La difficulté est donc que d’un côté, la politique budgétaire restrictive déprime la demande. De l’autre, la monétisation de la dette avalise les pratiques budgétaires laxistes. Entre ces deux pôles, il y a la place pour une harmonisation des politiques économique, industrielle et fiscale au sein de l’Europe. Il revient aux dirigeants politiques, mais également aux citoyens de définir un véritable projet global de société à plus longue échéance. Nous avons des enjeux fantastiques devant nous que sont l’affirmation de la contrainte énergétique, le vieillissement de la population, ou encore la solidarité intergénérationnelle à réorganiser.  Il s’agit là certes de contraintes qui pèsent chaque jour davantage sur nos modes de vie et nos finances publiques, mais elles sont autant d’opportunités de croissance  extraordinaire pour le futur. Tout reste à inventer ».

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