Selon l’Office fédéral statistique, le chiffre d’affaires des fabricants allemands de meubles de cuisine a stagné sur les quatre premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2009. Après une période plus favorable à celle de l’année dernière, l’activité d’avril a marqué un recul de quelque 3,3 % entraîné par un repli marqué sur le marché intérieur de 4,5 %. En revanche, l’export a nettement moins reculé (- 1,2 %). Il est même resté étal dans la zone euro (une nouvelle illustration de la fantastique protection qu’apporte l’euro à l’industrie allemande en période de crise). Sur les quatre premiers mois de 2010, le marché intérieur allemand aurait reculé de 1 % tandis que les exportations s’accroissaient de 1,8 %.
L’industrie allemande, malgré des avantages certains, continue donc à souffrir de la crise à l’instar de ses consœurs européennes. Elle doit en outre s’adapter à une nouvelle configuration qui touche plus particulièrement les firmes haut de gamme, malmenées par la situation financière internationale. Illustration avec Siematic, marque qui a subi une baisse sensible de son chiffre d’affaires entre 2007 et 2009, passant d’environ 150 à 115 millions d’euros. La firme a ainsi décidé par la voix de son dirigeant, M. Ulrich W. Siekmann d’annuler sa participation au salon Living Kitchen de Cologne affirmant que dans la situation actuelle, il fallait concentrer ses moyens sur ce qu’il estime être la meilleure manifestation en termes de design et de fréquentation internationale.
Du côté de l’Espagne, l’année 2009 a été marquée par une chute d’au moins 20 % de l’activité, avec un marché intérieur et un niveau d’exportations en baisse. L’exemple de Fagor Cuisines est à ce propos éloquent : le deuxième fabricant du pays (derrière Forlady) a subi une chute de 54 à 35 millions d’euros, soit une baisse de 35 %. Aussi voit-on les fabricants ibériques s’intéresser toujours un peu plus à leurs deux voisins, la France et le Portugal, pour trouver un peu d’oxygène. Et c’est surtout notre pays qui polarise leur attention car il est potentiellement le plus intéressant en termes de pouvoir d’achat et de population. Il est d’ailleurs le premier client de la cuisine espagnole qui y réalise 68 % de son activité export. Notons que durant le premier trimestre 2010, l’ensemble des exportations espagnoles a crû de 4,3 %.
Côté italien, la France qui représente peu ou prou 10 % des exportations est certes un marché important. Mais est-il vital ? Moins en tout cas que pour les Espagnols, comme on vient de le voir, mais aussi que pour les Allemands qui tentent d’agglomérer notre pays à leur marché proche (comme ils l’ont déjà fait avec l’Autriche, la Suisse, les Pays-Bas, la Belgique). Beaucoup de Transalpins rêvent d’exportation et de contract (grands chantiers immobilier) au long cours vers l’extrême Est de l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud-Est et bien sûr les Amériques où leur design de réputation mondiale intéresse les élites économiques qui l’utilisent comme un signe de distinction sociale. Un bel exemple nous est fourni par Snaidero qui s’enorgueillit d’avoir fourni 200 cuisines pour la partie résidentielle des nouvelles Trump Towers d’Istanbul. C’est le nouveau modèle Orange, du design à coût accessible, qui a été choisi pour cette réalisation. On pourrait presque se demander si l’industrie italienne du meuble de cuisine n’est pas en train de reconnaître qu’elle n’est pas capable de lutter sur le terrain ouest européen, dominé de la tête et des jambes par des firmes industrielles et des distributeurs de grande envergure allemands, français, britanniques, scandinaves, avec lesquels elle n’a plus les moyens d’être concurrentielle.
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