La nouvelle n’a rien de révolutionnaire, mais le fait qu’elle émane simultanément du groupe américain Whirlpool et de son concurrent, le suédois Electrolux, a suffi pour qu’elle soit relayée par l’agence Reuters sur divers sites Internet d’information. Elle n’a rien de surprenant non plus, puisque reflétant une tendance macroéconomique amorcée depuis quelques mois, voire année : la hausse du prix des matières premières sur les marchés mondiaux et leurs conséquences sur les prix des produits transformés (cf. notre article du 23 novembre dernier Electroménager : grandeur et servitude du gigantisme).
Pour les deux géants de l’électroménager qui ont publié mercredi des résultats inférieurs aux attentes, cela se combine à une faible demande en Europe et aux Etats-Unis, qu’ils entendent compenser sur les marchés émergents. Whirlpool a ainsi annoncé un chiffre d’affaires et un bénéfice en progression au quatrième trimestre 2010, grâce à un contrôle serré de ses coûts et à la forte demande des marchés émergents comme l’Asie ou l’Amérique latine. Le pdg du groupe, Jeff Fettig, a déclaré dans un communiqué attendre en 2011 « une demande positive mais irrégulière au niveau mondial. L’inflation par les matières premières pousse les coûts à la hausse, et nous espérons la compenser par l’amélioration de la productivité, l’innovation et les hausses de prix récemment annoncées ». Ont ainsi été engagés la fermeture d’usines aux Etats-Unis, la réduction des effectifs et la délocalisation de certains sites dans des pays à main d’œuvre meilleur marché, comme au Mexique. Il a aussi commencé à mettre en commun certaines pièces détachées sur ses lignes de production de lave-vaisselle, lave-linge et réfrigérateurs. L’article de Reuters souligne que « certains observateurs se demandent si la tentative de Whirlpool d’augmenter ses prix n’est pas trop ambitieuse, alors les consommateurs dans la plupart des pays développés semblent avoir encore besoin d’incitations pour acheter des produits chers comme l’électroménager. Brian Sozzi, chez Strategies, à New York, rappelle ainsi que le groupe avait échoué dans ses tentatives de relever ses prix au début de l’année dernière ». Comme souvent en pareil cas de figure, le
titre Whirlpool a cédé 3,3 % à 82, 62 dollars en fin d’après-midi Wall Street.
Electrolux a vu lui quant à lui son action abandonner 8,7 % à 166 couronnes à la Bourse de Stockholm. Mêmes causes et mêmes effets : le groupe suédois a lui aussi révélé un bénéfice inférieur aux attentes qui s’est conjugué au renoncement du versement espéré d’un dividende exceptionnel, préférant consacrer son importante trésorerie à l’extension de son programme de rachat d’actions. De plus, les objectifs de développement dans les régions à forte croissance est pour le moment mise à mal. Les dirigeants ont informé mercredi de la suspension du projet de rachat du groupe égyptien d’électroménager Olympic en raison des tensions dans le pays et qui ne se sont accrues depuis. Ils ont aussi annoncé qu’Electrolux allait augmenter ses prix de 8 à 10 % à partir d’avril en Amérique du Nord, et progressivement en Europe et sur d’autres marchés. « Au premier trimestre, les matières premières vont nous frapper d’emblée », a déclaré à Reuters le directeur général du groupe Keith McLoughlin. Le groupe a relevé sa prévision de l’impact des coûts des matières premières pour la porter à deux milliards de couronnes (225 millions d’euros) contre 1,5 milliard précédemment. De fait, le cours du cuivre a encore atteint un nouveau record mercredi après avoir grimpé de 60 % depuis juin 2010.
Partager cet article