Les cuisinières à gaz représenteraient un réel danger pour la santé. C’est ce que conclut une étude menée récemment par des universités américaines, mais dont le biais écologiste pourra poser question.
« L’écologie, c’est bien, mais l’écologisme est une idéologie dangereuse. » Prononcée par des responsables politiques et des philosophes dans les médias, ou de simples anonymes sur les réseaux sociaux, cette formule a fait florès depuis quelques mois, en réaction à des propos considérés comme des oukases et des interdictions outrancières. De fait, si la préservation de l’environnement est une nécessité incontestable (davantage que « sauver la planète », litanie psittaciste des animistes modernes ignorant que le destin géologique de la Terre fait fi de l’arrivée récente de l’humanité comme de son extinction possible), on peut toutefois s’interroger sur la pertinence à traiter au travers du prisme écologique un nombre croissant de sujets, du quotidien comme d’études scientifiques,
Un exemple récent en témoigne : l’étude menée récemment par des universités américaines sur la nocivité de l’usage des cuisinières à gaz. Le sujet est en effet à la fois pratique, concernant la vie quotidienne, et scientifique au regard de son approche physico-chimique. Il est aussi essentiel, en raison de ses conséquences sur la santé des utilisateurs de ces appareils de cuisson très répandus dans le monde. On se gardera donc de le prendre à la légère et encore davantage de minorer la légitimité des chercheurs (œuvrant dans la prestigieuse Stanford), la qualité de leurs travaux et de rester indifférent à leur conclusion, rappelée dès le titre sans équivoque de l’article consacré le 18 novembre au sujet par le site Slate.fr : « Les cuisinières à gaz représentent un réel danger pour la santé. » L’introduction, ou chapô en jargon journalistique, est tout autant inquiétante : « En plus d'aggraver les maladies respiratoires, elles peuvent favoriser le développement de l'asthme. »
Les lignes qui suivent peuvent en revanche étonner : « Ces dernières années, les écologistes n'ont cessé de mettre en garde contre les effets néfastes des cuisinières à gaz sur l'environnement. » S’agit-il de mettre en garde contre l’usage dangereux d’un type d’appareil domestique – ce que fait effectivement la première partie de l’article, en posant cependant quelques conditions de nocivité (« les familles ayant une cuisine mal ventilée peuvent dépasser la limite d'exposition extérieure au dioxyde d'azote fixée par l'EPA à 100 parties par milliard (ppb) par heure » ? Ou s’agit-il d’ajouter les cuisinières à gaz à la liste des produits à proscrire, alors que les conditions évoquées ci-dessus ne semblent pas justifier une telle radicalité ? Le motif serait-il alors d’ordre écologique, répondant à une idéologie abolissant toute énergie fossile au profit exclusif du tout électrique ? La réponse est donnée en trois temps : dès le début de la deuxième partie de l’article : « Les chercheurs de Stanford ont également dressé le bilan de l'impact écologique » ; au paragraphe suivant : « Bien que le méthane ne soit pas toxique, c'est un puissant gaz à effet de serre pouvant engendrer de désastreuses conséquences environnementales » ; et dans le paragraphe de conclusion : « Afin de remédier à ce constat alarmant, les experts soumettent une solution radicale: installer une cuisinière à induction. Pour les plus septiques, utiliser la hotte aspirante représentera déjà un grand pas puisque seulement 25 à 40% de la population américaine affirment le faire. »
Sans tomber dans les basses-fosses nauséabondes de la moquerie, les lecteurs qui auront noté la faute d’orthographe « Pour les plus septiques » au lieu de « Pour les plus sceptiques » se demanderont si le gaz a si mauvaise odeur. Plus sérieusement, reste à savoir ce que pensent de cette étude le Gifam et les fabricants de cuisinières et plaques de cuisson à gaz.
Jérôme Alberola
Source de l’article : ici
Partager cet article