Une italienne à Paris, évidemment…

Actualités - 17 janv. 2017

Une italienne à Paris, évidemment…      

Roberta Becherucci a quitté sa Vénétie natale et abandonné sa carrière en marketing pour s’installer dans notre capitale depuis 12 ans et se consacrer à la conception de cuisines. Un choix qui s’est imposé comme une évidence.

 

Culture Cuisine : Vous évoluez depuis 10 ans en tant que cuisiniste, mais ce n'était pas votre premier métier : pourquoi cette reconversion ?

Roberta Becherucci : « Après un diplôme d‘école de commerce en Italie, j’ai travaillé dans de très grosses entreprises au sein de services marketing. Au fil des années, la motivation s’est émoussée au sein de ces énormes structures avec des services lourds à gérer. J’ai eu envie de me lancer dans l’aventure entrepreneuriale et de retrouver une certaine liberté dans l’organisation de mon temps et mes choix. Or, le domaine de la maison et de la décoration m’a toujours passionnée. En Italie, il y a une vraie culture dans ce secteur et, j’ai toujours baignée dedans. Pour mes besoins personnels, j’allais régulièrement chercher du mobilier ou des objets de décoration en Italie. Au fur et à mesure, mes amis ont commencé à requerir mes conseils pour leur trouver aussi ce genre d’objets au cours de mes voyages et, progressivement, ma reconversion s’est dessinée. La cuisine s’est imposée comme une évidence car, quand je me suis lancée il y a une dizaine d’années, le marché français était assez peu développé sur les segments moyen et haut de gamme. Hormis des cuisines assez basiques ou de style rustique, je trouvais qu’il avait peu de choix: entre l’entrée de gamme et le très haut de gamme, il y avait assez peu de choses abordables au style intéressant, alors qu’en Italie, le marché était déjà très développé, l’offre très importante et donc, les prix compétitifs. Pour un budget autour de 20 000 euros, je trouvais vraiment l’offre limitée et triste, alors qu’avec un budget de ce type, on devrait pouvoir trouver de très belles choses. J’ai donc tenté ma chance sur ce créneau. Le milieu de la cuisine a répondu à mes envies et à mes attentes, mariant esthétique et pratique. Le compromis entre ces deux aspects est un atout que je valorise aujourd’hui. Pour ce faire, je travaille beaucoup avec des sociétés qui mettent à disposition des profils techniques en fonction des projets. 

 

Culture Cuisine : Que pensez-vous du marché actuel de la cuisine équipée ?

Roberta Becherucci : Pour ma part, je ne peux évaluer le marché de la cuisine qu’à travers le prisme parisien, puisque je travaille essentiellement à Paris et en banlieue proche. La première évidence, c’est que cette pièce prend de plus en plus d’importance. A Paris, c’est assez révélateur puisque le pourcentage d’appartements haussmanniens est important et que dans leur configuration initiale, il est facile de voir quelle place est allouée à la cuisine, à savoir que c’est souvent la pièce au bout du couloir, la moins bien exposée, la plus petite, bref, la pièce du personnel telle qu’elle a été pensée à l’époque de sa construction. Donc, de plus en plus, dans ces appartements, je déplace la cuisine, elle change de pièce. Souvent, elle s’installe dans la salle à manger qui peut devenir une cuisine à part entière, ou alors je marie les deux fonctions, sous forme de cuisine ouverte donnant sur la salle à manger. Parfois je réinvestis une pièce qui était auparavant une chambre. En termes esthétiques, après des années qui ont profité à l’aspect brillant et aux cuisines laquées, les gens se tournent aujourd’hui vers des matières et des effets plus discrets, préférant les cuisines aux façades mates. En termes de segments, le très haut de gamme a toujours existé en France, via des marques étrangères qui sont venues s’y installer et se développer, mais cela touche tout de suite une clientèle disposant d’un gros budget avec des cuisines qui peuvent dépasser les 60 000 euros. Ces dernières années, on constate un réel essor de l’entrée de gamme et l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché comme Darty. Je ne me positionne pas sur ces segments, le panier moyen de mes projets évoluant autour des 20 000 euros.


Culture Cuisine : Comme de plus en plus de cuisinistes, vous réalisez des aménagements sur mesure hors de la cuisine : est-ce une évolution naturelle de votre activité, une réponse à une demande croissante ou un choix économique face à l'évolution du marché ?

Roberta Becherucci : Cela s’est fait naturellement, en gagnant en expérience, j’ai gagné la confiance des clients et j’ai naturellement plus de références pour montrer l’étendue de mon travail. Souvent les aménagements hors de la cuisine sont convoités par les entreprises de travaux et font partie de leur champ d’action alors que le cuisiniste agit vraiment sur la pièce cuisine en particulier. C’est essentiellement pour cela que je réalise encore assez peu d’aménagements de type dressings, placards ou encore bureaux pour particuliers. Cependant, l’aménagement de dressings sur mesure, par exemple, est une activité relativement proche de celle de cuisiniste, tout en étant plus simple à mettre en œuvre avec moins de variables à prendre en compte. L’expertise en sur mesure du cuisiniste est une plus-value, notamment à Paris où il arrive régulièrement de travailler dans des appartements avec des pièces aux cotes irrégulières, exiguës, voire atypiques. Je suis ainsi bien souvent force de proposition. Mais je resterai, de toute façon, conceptrice de cuisine avant tout, même si je souhaiterais développer davantage l’aménagement de dressings, placards et bureaux au sein de mon activité, ces prochaines années.»

 

Propos recueillis par Vanessa Barbier

 

 

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