La direction de Cuisines Design Industries a décidé de mettre l’entreprise sous protection par l’ouverture d’une procédure collective qui a été suivie d’un placement en redressement judiciaire le 1er avril dernier. Concernant les fabricants français emblématiques Arthur Bonnet et Comera, l’annonce a suscité un émoi dans la filière. Nous avons sondé Cédric Gauchet, président de Discac qui se distingue comme un fabricant français dynamique, et Alain Maillet, gérant d’A.I Concept à Fontainebleau, compte parmi les cuisinistes les plus expérimentés de France.
Quelle est votre réaction à l’annonce du placement en redressement judiciaire de CDI (Arthur Bonnet, Comera), alors que Discac se distingue au contraire comme un fabricant français dynamique ?
Cédric Gauchet, président de Discac : « C’est bien sûr un choc dans le paysage français de la cuisine : une marque emblématique avec une très longue histoire industrielle, c’est un coup dur. Attention, un RJ, ce n’est pas la fin du chemin, il y a encore plein de possibilités de s’en sortir. Mais c’est une nouvelle preuve, s’il en était besoin, de la violence de la crise que traverse notre secteur.
Plus spécifiquement, le cas de CDI prouve aussi la nécessité vitale pour les fabricants d’investir de manière continue dans leur outil industriel pour arriver à suivre l’exigence de notre marché. CDI et nos confrères qui ont connu des difficultés similaires depuis quelques années présentent ce même point commun d’installations qui ont vieilli et n’ont pas pu être suffisamment renouvelées. J’espère que ce RJ s’accompagnera d’une volonté de l’actionnaire de réinvestir massivement dans l’équipement industriel pour redonner du souffle à l’entreprise.
Enfin, ce que fait CDI est complexe : ils sont fabricants tout en pilotant deux marques et deux réseaux de distribution. Ce sont des métiers très différents, avec des compétences qui n’ont rien à voir. Chez Discac, nous n’avons qu’un seul métier et ce n’est déjà pas toujours simple ! Bien sûr, Schmidt et Fournier le font avec brio, mais ce sont des groupes d’une toute autre dimension. Réussir cela à notre dimension de PME, c’est un sacré défi, mais cela fait aussi toute la valeur qu’apporte CDI sur notre marché.
Bon courage à Dante et à toutes ses équipes pour cette période charnière. On a besoin de CDI et de ses marques sur le marché français ! »
À l’œuvre depuis plusieurs décennies, vous comptez parmi les cuisinistes les plus expérimentés de France et dont les interventions médiatiques, sur Culture Cuisine et notre excellent confrère Cuisines&Bains Magazine notamment, sont appréciées. l’annonce du placement en redressement judiciaire de CDI (Arthur Bonnet, Comera) est-elle une surprise pour vous et que vous inspire-t-elle ?
Alain Maillet, gérant d’A.I Concept à Fontainebleau : « Quand on regarde le parcours de Comera qui était le premier fabricant en français de cuisines haut de gamme avec des charnières sur pivot, on est inquiet sur le sort d’Arthur Bonnet (qui avait racheté Comera pour en faire sa tête de gondole).
Personnellement, j’ai été très très surpris de cette mise en redressement judiciaire, qui n’est pas un dépôt de bilan évidemment, d’autant que ce groupe appartenait à Snaidero. En effet, Arthur Bonnet avait quand même une certaine notoriété sur le marché, puisqu’ils avaient fait appel à des designers pour créer des modèles et se démarquer un peu des autres marques.
On peut se poser la question de savoir pourquoi le groupe Snaidero n’a pas injecté de la trésorerie… Ce groupe n’appartient plus à la famille Snaidero mais visiblement un fonds de pension. Cela voudrait donc dire que la maison mère n’est plus à même de les aider.
Je n’ai aucune idée du pourquoi du comment, en tout état de cause. J’espère que cela va bien se terminer pour les concessionnaires de la marque. On peut imaginer une restructuration ou un rachat par un groupe, beaucoup plus important. Ceci dit, vu l’état du marché actuel, je pense qu’il y a peu de prétendants.
Quand on fait le bilan des entreprises françaises de la cuisine qui ont disparu au cours de dernières décennies (ABC, Cesa, ECB, Gilet, Teisseire, Villeger, Sofacem, Roux, Hardy, etc.), il y a de quoi s’attrister ou s’inquiéter. »
Propos recueillis par J.A
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