Le tribunal de commerce d’Evry a statué la semaine dernière par la voix de son président : « Le groupe Weber Industries a été désigné comme nouveau propriétaire de Manuest ». Pas de réelle surprise donc, puisque cette décision s’inscrit dans la droite ligne de l’audience du mardi 25 janvier, qui avait déjà clairement désigné l’entreprise alsacienne réalisant 28 millions d’euros de chiffre d’affaires comme favori dans la course à la reprise de Manuest face au poids lourd de l’industrie du meuble Parisot-Windhurts.
Eric Nurdin a rappelé dans Vosges Matin que « les soubresauts cycliques de l’usine vosgienne ont souvent défrayé la chronique judiciaire et médiatique avec un don inné pour rebondir à chaque coup dur dans les années suivantes. Le projet industriel proposé par Dominique Weber a séduit tout le monde : Kingfisher, les salariés de Manuest, les politiques… et l’administrateur judiciaire qui a cependant fait jouer la concurrence jusqu’au bout afin de pousser Weber Industries dans ses retranchements financiers ».
De son côté, à l’annonce du tribunal, Dominique Weber, a voulu tempérer son enthousiaste par un regard lucide sur la situation : « Désormais, il faut réaliser le meilleur chiffre d’affaires possible sur l’année tout en sachant qu’il ne reste plus que 11 mois. Assurément, ce sera difficile pour cette année »,
Selon notre confrère, le repreneur sait qu’il doit agir vite pour réussir son pari engagé avec Kingfisher : 40 millions de chiffre d’affaires. « Nous arrivons avec du retard sachant que les gammes se décident plusieurs mois avant leur lancement. L’incertitude qui a plané sur Manuest a provoqué un décalage et il faut trouver rapidement des idées nouvelles. Le développement des produits représente une véritable priorité (…) Les règles commerciales incitent tout chef d’entreprise à diversifier sa clientèle afin de pouvoir garder une certaine indépendance. « Dès les prochaines semaines, une politique de recherche de nouveaux clients sera mise en œuvre. Les fruits de ces démarches ne commenceront à être perceptibles qu’à partir de 2012 et significatives en 2013. Dans le même temps, l’objectif résidera à répondre aux exigences du contrat plan avec Kingfisher. Philippe Lhermitte, directeur général du site Manuest, bientôt nommé WM (Weber Meubles), apportera toute son expérience de la grande distribution pour mener à bien la réalisation du contrat. D’autre part, je confirme que les salariés licenciés seront prioritaires lors des embauches qui pourraient commencer dès 2012. L’engagement vers eux va au-delà des mesures légales de 12 mois », affirme le chef d’entreprise.
La qualité des prestations fournie par les salariés de Manuest constitue un gage de réussite dans le challenge consenti par Weber Industries. « Kingfisher a dû intervenir à plusieurs reprises pour soutenir Manuest notamment avec trois conciliations en 2010 lorsque VGC donnait des signes de difficultés financières. Sans la qualité de ses salariés qui ont toujours joué le jeu de la qualité avec un taux de service exceptionnel de 99 %, Castorama n’aurait jamais consenti autant de temps et d’efforts pour soutenir Manuest », déclarait Catherine Ottaway, avocate de Castorama au cours de la partie judiciaire qui a agité le cuisiniste.
Voilà qui rappelle les atouts dont bénéficie l’industrie française de la cuisine. Il est toutefois regrettable qu’une reprise d’entreprise défaillante vienne le rappeler…
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