Poser une cuisine sur Mars !
C'est ce que compte faire, après avoir posé sa première fusée habitée, la Nasa qui a demandé à Ikea de plancher sur des meubles spécialement conçus pour un espace de vie commune très limité. On savait que la cuisine équipée permet de gagner de l’espace ; elle permettra aussi de partir à sa conquête.
L’article aurait pu paraître dans une revue scientifique et peut-être un prochain numéro de Science&Vie, magazine français de référence, que nous relayons régulièrement, fera-t-il écho de la nouvelle. L’Écho est d’ailleurs le nom du site belge d’information qui, sous la plume (ou le clavier) de notre consœur Camille Berkenbaum, a annoncé en décembre l’une des étapes singulières mais utiles, voire incontournables, de la conquête spatiale : la collaboration de la Nasa et d’Ikea pour créer du mobilier adapté à la présence de l’homme dans une base d’exploration sur Mars.
Comme on l’apprend aussi sur le site ikea.today, une décoratrice du géant suédois de l’ameublement s’est rendue dans la Mars Desert Research Station, située dans le désert de l’Utah. Le laboratoire de recherche de la Nasa est en effet un habitat conçu pour l’exploration humaine de Mars, et la Mars Society a choisi l’emplacement de ce désert en raison de son terrain et de son apparence semblables à Mars. Des chercheurs et des étudiants du monde entier y viennent pour étudier comment les humains peuvent survivre sur la planè
te rouge.
De fait, l’objectif de Christina Levenborn est d’imaginer des meubles spécialement conçus pour un espace de vie commune très limité. L’habitat est un cylindre bombé d’environ 8 mètres de diamètre dans lequel les équipes de six personnes vivent et travaillent pendant des semaines. Sur le pont inférieur, ils partagent un laboratoire et un atelier. Le pont supérieur se compose d’une cuisine et de six petites pièces superposées pour dormir et intimité. Selon Robert Zubrin, président de la Mars Society, la répartition de l’espace réduit de l’habitat en zones de travail et de sommeil est très bien pensée.
« Nous avons choisi de maximiser l’espace commun et de minimiser l’espace privé. Chaque membre de l’équipage dispose d’une petite couchette où il peut se retirer quand il veut être seul, mais l’espace qu’il partage est assez grand. Cette décision était basée sur l’expérience de terrain dans l’Arctique, où j’ai observé que dans les bonnes expéditions, les gens choisissaient de rester ensemble dans la tente principale et de ne se retirer que pour dormir dans leurs tentes privées », dit Robert.
Ikea annonce travailler depuis longtemps au développement de solutions pour les petits espaces de vie : « Entrer dans la réalité quotidienne d’une personne est une façon parfaite d’apprendre les défis et les possibilités quand l’espace est limité. Pourquoi ne pas apprendre de ceux qui savent vraiment ce qu’est la vie dans un espace extrêmement restreint, comme ces gens qui se préparent à un voyage dans l’infini de l’espace ? »
Écologie(s) et finitude
Christina Levenborn a ainsi travaillé avec des produits de petits espaces de vie qui pouvaient être aménagés de manière flexible et multifonctionnelle. Comme le précise le site L’Echo, le premier challenge a été celui d’imaginer des meubles de cuisine qui correspondent aux murs ronds de la station. Comme toute expérience scientifique menée dans l’espace, notamment dans l’ISS, celle-ci, même si réalisée en simulation dans le désert de l’Utah, devrait permettre de tirer des enseignements profitables sur et pour notre bonne vieille et précieuse Terre. Christina Levenborn espère progresser dans sa connaissance sur la vie dans des espaces extrêmement réduits, sur la manière dont nous pouvons utiliser les produits et sur la rareté des matériaux, leur réorientation et la vie durable. « Se préparer à ce genre de pénurie sur Mars met l’accent sur toutes les bonnes choses que nous avons sur Terre et que nous tenons pour acquises », conclut la décoratrice.
L’expérience menée dans une base cylindrique posée dans l’ouest américain aura donc cette vertu : rappeler que le premier sens de l’écologie - les conditions de vie des êtres vivants dans leur environnement - rejoint celui de notre habitat et que, lorsque la finitude de celui-ci se révèle, s’impose la nécessité de la préservation de ses - de nos - ressources. Ce qu’on appelle aussi l’écologie.
Jérôme Alberola
Sources :
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