Perte d'aura des marques italiennes : deux avis

Actualités - 26 févr. 2014

Avant-propos : Nous aurions pu sonder les principaux intéressés, à savoir les représentants des marques italiennes présentes sur le marché français, mais gageons que nous aurions été considérés hors sujet et que leurs réponses auraient nié naturellement ce constat. Pour être honnêtes intellectuellement, les fabricants allemands et français auraient eu le même réflexe s’ils avaient été l’objet du même constat, et de fait nous aurions aussi dû nous en prévenir dans notre sondage.

 

Philippe Chemineau, directeur commercial France de Nolte Küchen :

« Nous constatons effectivement un recul collectif des marques italiennes dans les magasins où notre marque est représentée. En effet, tant que nous n’avions pas de modèle de cuisine sans poignée, nos distributeurs comblaient souvent ce manque en référençant une marque italienne. Mais, depuis l’arrivée de la Matrix Art dans nos collections, nos revendeurs travaillent exclusivement avec nous, déclarant apprécier la meilleure qualité de finition de notre nouveauté. Dans l’esprit des cuisinistes, les fabricants italiens avaient deux avantages spécifiques que sont les modèles sans poignée et la possibilité de décliner leurs laques dans le vaste nuancier de couleurs RAL. Aujourd’hui, ces arguments ont perdu de leur force avec la généralisation des modèles sans poignée chez l’ensemble des fabricants européens, et avec l’arrivée de revêtements polymères, moins chers que les laques et déclinables eux-aussi dans de nombreux coloris. Le blanc reste de toute façon la couleur la plus vendue ainsi que le magnolia et des teintes pastel. Ce constat de pertes des avantages spécifiques est valable pour l’ensemble des acteurs italiens positionnés en moyen et moyen-haut de gamme, dont l’esthétique et le design n’ont plus rien de supérieur à leurs concurrents allemands. En revanche, il est certain que des marques de prestige telles que Boffi conservent leur identité exceptionnelle ».

 

Mario Bader, directeur commercial France de Poggenpohl :

« La perte d’aura des marques italiennes en France est bien sensible, mais il faut la resituer dans le recul important du marché global de la cuisine. Les fabricants transalpins en souffrent davantage, parce que leurs concurrents allemands ont pris des parts de marché, notamment en se mettant au niveau des gammes italiennes en termes de design, tout en gardant leur rigueur en termes de qualité de service (livraison, SAV) et de produits. De leurs côtés, nombre de collections italiennes apparaissent trop élevées en termes de prix dans la conjoncture actuelle, et pas assez souple par rapport aux besoins des cuisinistes de les adapter aux diverses envies des consommateurs français. Enfin, la plupart souffrent d’un déficit de notoriété, faute de communication à l’échelle nationale. Les marques italiennes subissent donc un effet de ciseaux et nous le ressentons sur le terrain, où nous voyons moins de modèles italiens en exposition dans les magasins parce qu’ils sont le plus souvent remplacés par des cuisines allemandes ».

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