Les Français prêts à payer plus cher pour le Made in France

Actualités - 25 nov. 2011

On doit sans doute y voir un effet de la crise financière et plus encore de son désastreux effet concret sur l’emploi qui affecte un nombre croissant de nos concitoyens, soit personnellement, soir dans leur entourage familial ou amical. De surcroit, la crainte du chômage est nourrie régulièrement par l’annonce récente de plans massifs de licenciements dans la banque, l’automobile (PSA) ou d’autres secteurs variés (Seafrance, etc.). Cela favorise une prise de conscience de la nécessité de privilégier toute mesure protectionniste de nos industries, alors que celles-ci, soit ont délocalisé leur production, soit subissent des écarts de fiscalité et de coûts de fonctionnement profitant aux pays d’Europe de l’est ou d’Asie. Avec
des résultats sur la qualité ne comblant pas toujours le gain financier espéré (vient ajouter à la polémique le problème, survenu mi-novembre, de l’absence d’une trentaine de vis sur un panneau de carénage d’un Airbus A340 de la compagnie Air France qui venait d'être entièrement révisé en Chine).  
 
Ce contexte a donc pour récente conséquence les résultats d’une étude Ifop publiée lundi, pour l’association Cedre (Comité des entrepreneurs pour un développement responsable de l'économie) : une nette majorité des consommateurs sont prêts à payer plus cher des produits  fabriqués en France, mais guère plus que 10%. « Pour tous les sondés, le Made in France est un gage de qualité, ainsi qu’une garantie sociale et environnementale », explique à L’Expansion Vincent Gruau, PDG du fabricant de mobilier de bureau, qui a relocalisé une partie de sa production de Chine en Picardie et est un des membres fondateurs du Cedre. Loin devant le pays de fabrication (15 %),  les critères jugés les plus importants dans l’achat d'un produit sont la qualité (76 %) et le prix (70 %). Or, « une fabrication française coûte entre 15 % et 25 % plus cher, donc comment faire le pont entre ce surcoût et l'effort financier tolérable pour les consommateurs ? » s'interroge Vincent Gruau. En amont des élections présidentielles, les entrepreneurs du Cedre réclament de fait « une politique gouvernementale plus volontariste » sur le Made in France.
 
Tout ceci devrait apporter de l’eau au moulin  des fabricants français de cuisine. Reste à définir les véritables différentiels qui jouent en leur défaveur. En l’occurrence, ils se produisent avec leurs concurrents allemands, mais il serait naïf ou de mauvaise foi d’arguer que seuls les écarts de prix entrent en ligne de compte dans le choix des cuisinistes. Certes, ce critère est important (l’écart est estimé de l’ordre de 15 à 20 %) et nombre d’observateurs notent que le franc permettait (ou permettrait en cas de sortie de l’euro pas si improbable ou délirante qu’on veut bien le dire) une dévaluation rétablissant un équilibre, comme le faisaient souvent les Italiens avec la lire dans les années 1980 et 1990. Il faut aussi et cependant préciser que des industriels d’outre-Rhin, no name notamment, augmentent leurs tarifs devenus intenables pour leur pérennité. Mais il n’en demeure pas moins que les marques allemandes de cuisines bénéficient d’une image positive que nombre de françaises ont perdu, en termes de qualité de produits et de services, faute de l’entretenir, notamment par déficience de communication vers le grand public et plus encore vers les cuisinistes. Ce à quoi fait écho Philippe Peyrard, directeur général délégué de l’enseigne d'optique Atol, qui a lui aussi relocalisé en France des lignes de production en 2005 : « Juste mettre un badge Bleu-Blanc-Rouge ne suffit pas. Il faut aussi avoir un produit innovant. et reconstituer en France des réseaux de sous-traitants en leur faisant comprendre la nécessité d’investir dans l'innovation et les outils de production ».

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