C’est à la fois un simple effet de mode et un sujet que le journal Le Monde a estimé suffisamment sérieux pour y consacrer un article. En 2013, la couleur de l’année est la teinte émeraude 17-5641 de Pantone. De Pantone forcément, pourrait-on préciser car, depuis 2000, c’est le célèbre fabricant de nuanciers qui dévoile la lauréate chromatique de l’année.
Cette autopromotion n’en est pas pour autant menée à la légère et la sélection ne doit rien au hasard. Selon le quotidien national, « Pantone sonde l’influence des couleurs à travers le monde en s’attachant aussi bien à leur déclinaison dans l’industrie cinématographique et du divertissement, dans les collections d’art mises à l’honneur à travers le globe, mais aussi les destinations de voyage à la mode... La portée d’une teinte peut également provenir de critères technologiques, de la disponibilité de nouvelles textures et des effets d’une couleur sur celles-ci, voire de la tenue prochaine d’un événement sportif susceptible d’attirer une forte attention du public ».
Interrogée par Le Monde, Leatrice Eiseman, directrice exécutive du Pantone Color Institute, a justifié le choix établi pour cette année, mettant l’accent sur les vertus symboliques : « Avec toutes ses facettes et sa brillance, l’émeraude exerce une fascination depuis la nuit des temps. Elle évoque la clarté, le renouveau et le rajeunissement, essentiels dans un monde très complexe ». De plus, son association à la pierre précieuse éponyme place la teinte émeraude dans les univers du luxe et de la sophistication.
Cela la prédestine-t-elle à orner les cuisines haut de gamme ? Pour l’heure, la réponse est négative à en juger aux collections déclinées dans les catalogues et aux modèles exposées dans les magasins. Cette absence se vérifie aussi dans les autres segments du marché. De fait, pas besoin d’être un décorateur au gout exquis et de renommée international pour se rendre compte que le vert émeraude, « devant avoir les faveurs du prêt-à-porter, des cosmétiques ou de la décoration des autres pièces de l’habitat » selon les médias, ne convient pas au mieux dans la cuisine (les fabricants Del Tongo et Snaidero ont joué de cette audace l’an passé respectivement avec les modèle Milano et Board). Trop frais, trop végétal ou trop aquatique, sans doute, pour être employé davantage qu’en de simples touches, sur la crédence ou sur les récipients culinaires en vitrine). Ces impressions pourront en revanche créer un esprit judicieux dans la salle de bains.
Lauréate en 2013, le vert émeraude succède au tangerine tango (un ton rouge orangé) sélectionnée l’an passé pour son côté énergique et qui, lui non plus, n’avait pas changé la donne chromatique dans le monde de la cuisine (en dépit de son utilisation heureuse par quelques fabricants, dont Leicht sur son Classic-FF-Esprit). Cette couleur vitaminée s’était pourtant fait remarquer sur le modèle Argento Vivo de Ged, récipiendaire du Good Design Award en… 2009. La même année, Schmidt lançait son Arcos Sunset Orange aux teintes corail et Comprex choisissait la même chaleur acidulée sur la cuisine People. La cuisine est un monde à part qui sait être en avance tout en restant intemporel…
Galerie photos
Partager cet article
