« Le cuisiniste est devenu un architecte d'intérieur »

Actualités - 31 oct. 2017

« Le cuisiniste est devenu un architecte d’intérieur »

Marine Claret-Tournier, co-gère le magasin Les Cuisines de Marine, à Lyon où coexistent show-room de cuisines et atelier de menuiserie, permettant de s’ouvrir à d’autres projets d’aménagements. Une démarche qui répond à la demande croissante de « sublimer l’espace ».

 

Culture Cuisine : Quel est votre parcours et pourquoi avoir choisi le métier de cuisiniste ?

Marine Claret-Tournier : « J’ai choisi ce métier pour marcher dans les pas de mon père. Il a installé des centaines de cuisines pour de grandes enseignes avant d’ouvrir le magasin Les Cuisines de Marine en 2007. L’idée était que je gère le show-room, à savoir la relation client, le suivi des projets et l’administratif et que mon père s’occupe de toutes les poses. Je me suis formée à l’Afpia, à Lyon Monplaisir, en spécialité vendeur agenceur de cuisines et salles de bains. Cela m’a permis de maîtriser les différents aspects d’un projet d’agencement, en particulier les contraintes techniques, spatiales et budgétaires mais aussi le suivi des projets, la gestion des chantiers et des différents corps de métier. En parallèle, j’ai fait une formation au Ciefa, à Lyon dans le but de compléter ma formation commerciale et administrative. J’ai eu la chance de démarrer ma vie active directement au sein du magasin familial.

 

Culture Cuisine : Que vous inspirent les évolutions du marché de la cuisine au cours des dernières années, qu'il s'agisse du rôle des cuisinistes indépendants, des attentes des consommateurs ou encore des canaux de distribution ?

Marine Claret-Tournier : La cuisine est devenue un espace à part entière depuis plusieurs années déjà. C’est même parfois le cœur de la maison. On y passe beaucoup de temps : la famille s’y réunit, les enfants y prennent leur goûter et y font leurs devoirs, les amis s’y retrouvent autour d’un verre… Certes, la cuisine doit être fonctionnelle, mais l’aspect visuel prend une place de plus en plus importante étant donné l’engouement pour les cuisines ouvertes. Outre la gestion des aspects techniques, le métier de cuisiniste demande maintenant une connaissance en matière de décoration. A mon sens, le cuisiniste est devenu un architecte d’intérieur. Les clients sont en demande de conseils, de décoration et d’aménagement. Le travail du cuisiniste indépendant est de sublimer l’espace. Il faut avoir l’œil pour les couleurs, savoir harmoniser le neuf et l’ancien, la cuisine et le salon, bien connaître les dernières tendances : on dépasse le simple cadre technique. On transforme une pièce pour la rendre plus chaleureuse. De nombreux détails entrent donc en ligne de compte : le choix du mobilier, du carrelage, des sols, des luminaires… C’est ce qui fait la différence entre un cuisiniste indépendant et d’autres canaux de distribution comme les grandes chaînes et les grandes enseignes de bricolage. De toute manière, le type de clients que je reçois n’est pas le même que dans ces enseignes. Notre positionnement est moyen-haut de gamme – le panier moyen avoisinant les 20 000 ou 25 000 euros – et les clients font appel à nous pour qu’on leur propose plus que de la cuisine.

 

Culture Cuisine : Un nombre croissant de cuisinistes proposent d’ailleurs des aménagements sur mesure qui dépassent les frontières de la cuisine : est-ce votre cas ?

Marine Claret-Tournier : Oui, c’est notre cas. Notre force est de proposer bien plus que de la cuisine. Il y a encore beaucoup de cuisinistes qui se limitent à la cuisine, donc nous marquons des points lorsque nous pouvons répondre positivement à un autre type de projet et penser la cuisine dans une globalité. Ainsi, nous proposons des services de menuiserie, tels que des créations de niches décoratives, des bâtis de plafond pour intégrer des hottes, nous fabriquons des verrières d’intérieur et nous réalisons aussi des aménagements de bureaux… Nous pouvons proposer ces services car nous disposons de notre propre atelier de menuiserie sur mesure depuis 2011. Il s’est agrandi depuis (il mesure environ 100 m²) et nous permet de répondre à de gros projets. Nous pouvons fabriquer des meubles sur mesure (dressing, salle de bains) mais aussi laquer nous-mêmes certains meubles, par exemple. Notre activité est diversifiée et nous permet de tout gérer en interne, il n’y aucune sous-traitance. Nos clients apprécient à la fois cette diversité, le fait de n’avoir qu’un seul et unique interlocuteur et de bénéficier d’une vraie force de proposition. Au début des Cuisines de Marine, nous étions déjà positionnés sur les très belles cuisines, mais notre diversification est arrivée plus tard. Avec l’expérience, mais aussi pour répondre à la demande, nous nous sommes ouverts à d’autres types d’aménagements au fil du temps. Les clients qui font appel à nous veulent des réalisations qui sortent du lot. Actuellement, notre activité reste à 90 % celle d’un cuisiniste traditionnel et les 10 % restant sont consacrés à la pose de dressings, de salles de bains, de meubles de salon et à d’autres projets annexes. Mais c’est une part qui tend à s’accroître ; cette tendance devrait continuer à se confirmer, d’autant plus qu’il n’est pas rare que les clients qui ont fait appel à nous pour une cuisine reviennent nous voir lorsqu’un autre projet d’aménagement se présente. »

 

Propos recueillis par Vanessa Barbier

 

 

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