La loi de Darwin s'appliquera peut-être

Actualités - 07 avril 2020

 

La loi de Darwin s’appliquera peut-être

Les cuisinistes et fabricants les plus solides et prévoyants résisteront à cette crise inédite, selon Alain Maillet. Ce cuisiniste chevronné, gérant d’A.I Concept à Fontainebleau, estime aussi que la gestion de la crise actuelle doit combiner dynamisme personnel et constructif attentisme professionnel. Explications.

 

Culture Cuisine : Quel est votre sentiment sur cette crise inédite, ses causes et ses enseignements ?    

Alain Maillet : « Nous assistons à une gestion chaotique de la crise actuelle par le gouvernement qui navigue à vue et à coup d’effets d'annonces se voulant spectaculaires, mais qui sont en réalité souvent dérisoires. Nous n'étions pas préparés à subir cette pandémie et nous ne le sommes toujours pas. La cause remonte aux gouvernements précédents qui se sont succédés. Dans le domaine de la santé, aucun n'a écouté les revendications légitimes des personnels hospitaliers depuis plusieurs années. Et, dans le domaine économique, on se moquait de ceux qui mettaient en garde contre les dérives de la modélisation excessive. On voit le résultat aujourd'hui. 

 

Culture Cuisine : Comment vivez-vous le confinement depuis le 17 mars ?

Alain Maillet : L'annonce, le samedi soir, de la fermeture des magasins de commerce non essentiel a été trop brutale, ne nous donnant pas le temps de bien nous organiser. Je me suis rendu dans mon magasin le mardi suivant, afin de prendre mon ordinateur me permettant de traiter les affaires urgentes et courantes depuis mon domicile. Cela a consisté à décaler les quelques rendez-vous que nous avions déjà pris, et à répondre aux deux appels de clients nous demandant de réaliser quelques modifications sur les plans que nous leur avions auparavant envoyés. Cette période n’a occupé que les premiers jours de confinement. Depuis, je fais du sport tous les jours, notamment de la marche pendant une heure, afin d'être dans la meilleure forme possible lorsque nous devrons reprendre notre activité.

 

Culture Cuisine : Avez-vous mis en œuvre des solutions conservatoires et provisoires afin de permettre de subir cette crise le moins péniblement possible, voire de préparer au mieux la reprise lorsqu'elle se produira ?  

Alain Maillet : Contrairement à ce que j'ai pu lire parfois dans les médias, je ne pense pas qu'il soit utile, voire souhaitable, de continuer d'envoyer des devis, car les gens n'ont actuellement pas la tête à l'achat de cuisine équipée. Ils sont surtout préoccupés par leur santé et celle de leurs proches. Je pense d'ailleurs qu'il serait inutile d'ouvrir les magasins de cuisine actuellement.

Je profite de cette période d'arrêt commercial forcé pour poursuivre activement la refonte de mon site Internet, que j'ai confiée à une prestataire de service et avec laquelle je suis en visio-conférence une fois par semaine. Nous travaillons actuellement sur la mise au point d’un référencement naturel le plus efficace possible au moment de la reprise d'activité. Lorsqu’elle se produira, j'envisage d'ouvrir alors quelques dimanches et de restreindre mes vacances d'été. 

Entre-temps, j'ai réfléchi à la façon d'optimiser ma gestion et de réduire la voilure durant cette période. J'ai ainsi baissé au maximum les frais généraux, notamment en suspendant les interventions de la société de ménage dans mon magasin. J'ai aussi réduit au minimum mon salaire et mes frais professionnels, en continuant de payer mon Urssaf et les diverses charges afin de ne pas les accumuler par la suite. Je vais aussi demander le report de tout ou partie de mon loyer commercial, comme le permettent les dispositions gouvernementales de crise. Pour le reste, j'ai suffisamment de trésorerie pour tenir quelques temps, la question étant de savoir à quel moment nous serons autorisés à réouvrir. La loi de Darwin va peut-être s'appliquer. Les cuisinistes et fabricants les plus solides, notamment en termes de trésorerie, résisteront à cette crise inédite. Je pense aussi à la fable de La Fontaine et au fait que les fourmis pourront passer ce moment pénible, contrairement aux cigales qui n'auront pas su être prévoyantes.

Enfin, il est trop tôt pour savoir si la reprise sera forte et rapide ou non. Certains consommateurs, contents d'être enfin libérés et de reprendre le travail, auront l'envie forte d’investir dans des biens leur faisant plaisir, afin de conjurer cette période pénible de confinement et d'inquiétude. La cuisine comme l'automobile pourront alors en profiter. Mais on peut aussi craindre que les consommateurs restent prudents et gardent leur épargne, au cas où une telle crise devait se reproduire l'année prochaine. »

 

Propos recueillis par Jérôme Alberola

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