Alors que le chômage reste à un niveau élevé et constitue logiquement la principale préoccupation des Français, l’étude que vient de publier le Centre d’analyse stratégique (CAS), anciennement appelé Commissariat général au plan, tombe à propos. Ceci d’autant plus que la relation directe et réciproque entre taux d’emploi et consommation n’est plus à démontrer, que la hausse du chômage a des conséquences nocives sur les investissements massifs dont fait partie la cuisine intégrée, et que cette dernière récolte toujours des effets positifs d’une bonne santé du bâtiment.
Or, les prévisions d’emplois sont plutôt rassurantes dans ce secteur, comme on le verra un peu plus loin. Globalement, ce sont plus de 650 000 nouveaux emplois qui devraient être créés d’ici à 2015, selon l’étude du CAS, rattrapant ainsi les « 450 à 550 000 emplois marchands qui ont été détruits depuis le début de la crise ». Reste à savoir dans quels secteurs d’activités se trouveront ces creusets. Premier élément de réponse : les services restent les plus gros pourvoyeurs, boostés par de nouveaux métiers que sont notamment les services à la personne (91 000 emplois) et plus encore les « services opérationnels » englobant l’intérim et les prestations aux entreprises (nettoyage, gardiennage, etc.) qui croît le plus (218 000). Cette prééminence est due selon l’étude au développement de « l’économie de l’usage », stratégie commerciale inspirée de la location et qui privilégie la vente de l’usage d’un bien plutôt que le bien lui-même (des photocopies plutôt que des photocopieuses, des kilomètres en voiture plutôt que des pneus…).
Mais la bonne surprise vient de la construction (149 000 emplois) qui se classe en deuxième position des secteurs créateurs d’emplois. Résistant mieux aux variations économiques (l’immobilier se porte très bien depuis un an, à contre-courant de la crise) et devant profiter des mesures du Grenelle de l’environnement qui préconise la haute qualité environnementale, le gros œuvre devrait ainsi dynamiser les filières situées en aval (second œuvre, habitat, décoration). Plus de 106 000 nouveaux emplois de conseils et d’assistance aux entreprises sont attendus, alors que les activités financières devraient en perdre 5 000. C’est peu en comparaison des coupes sombres annoncées dans l’industrie, avec 78 000 emplois perdus dans les biens d'équipements mécaniques, 40 000 dans la métallurgie, 15 000 dans l’industrie électronique et 11 000 dans l’automobile Pas étonnant dans un pays qui désindustrialise à marche forcée, délocalise sans se poser la question des inévitables dommages collatéraux et fait à la fois la politique de la Chine (faute de barrière douanière) et de l’Allemagne (en raison de la parité monétaire et de coûts de production qui lui permettent d’écouler ses produits, dont la cuisine intégrée moyen de gamme, cf. notre article Industrie de la cuisine allemande : le crépuscule des dieux)
Cela dit, ajoutons que le secteur de la distribution spécialisée de cuisines (cuisinistes au sens large) devrait continuer d’embaucher en raison d’un renouvellement des effectifs en place vieillissant, voire arrivant à la retraite, rendu de plus en plus nécessaire, voire urgent par la demande maintenue des consommateurs. Le permet une politique pertinente de formation, comme c’est déjà le cas depuis plusieurs années chez les enseignes incontournables du secteur (celles du groupe Fournier étant le meilleur exemple) comme plus récemment chez des nouveaux outsiders (dont Darty Cuisines).
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