Il y a parfois des situations regrettables qui apportent d’inattendues bonnes nouvelles. Prenez le printemps pourri qui, succédant à un hiver sans soleil, s’est conjugué cette année à la crise socioéconomique pour plomber le moral des Français. Or, il se trouve que la grisaille du ciel a révélé des préférences exprimées par nos compatriotes et qui pourraient mettre un peu de baume au cœur de la filière de la cuisine (quant à la dissipation de la grisaille de l’économie, il faudra attendre mieux qu’une simple « boîte à outils » gouvernementale…) : ainsi, lorsqu’il ne fait pas beau dehors, une majorité des Français déclarent préférer cuisiner que rester devant la télévision, ou sur la couette pour pratiquer la gymnastique suédoise, la brouette bulgare et autres versions de jeu universel de touche-rotules. C’est la conclusion d’un sondage réalisé sur Internet et par email par Eat Your Box, spécialiste des box culinaires innovantes, auprès d’un panel de 3 500 consommateurs français et de plus de 12 023 internautes sur Facebook.
Voilà peut-être le meilleur des arguments pour les diverses composantes de la filière de la cuisine équipée, fabricants et distributeurs spécialisés d’ensembles de meubles toujours plus ergonomiques et fonctionnels, comme marques d’appareils encastrables et de petits électroménager servant à la préparation des repas. Car, touchant à l’intime, cette déclaration d’amour pour les fourneaux redonne une vigueur au poncif selon lequel la cuisine est le cœur battant de l’habitat. Détrôner la sacro-sainte TV et renvoyer les parties de radada au second rang des occupations du Français moyen est en effet un événement remarquable auquel il convient de donner écho.
On notera toutefois que ce sondage ne reflète pas forcément les préférences de toute la nation : 60 % des personnes interrogées habitent en Ile-de-France (31 % dans les 5 autres régions les plus peuplées et 9 % ailleurs dans l’Hexagone) et, surtout, que 84 % des sondés sont des femmes. Dès lors, nombreux sont ceux qui en déduiront que l’enquête ne révèle pas davantage une préférence pour la cuisine qu’un manque d’appétit des compagnes pour la torride activité conjugale (chaque sexe en renvoyant la cause à l’autre). D’autres analyses feront valoir qu’en l’absence de précision sur la situation des sondés et des sondées, on peut penser qu’une partie non négligeable d’entre eux et d’entre elles vivent seuls, la question de rester sous la couette pour jouer au bilboquet hongrois ne se pose alors pas. Préférer les poêles que rester à poils peut ainsi montrer que la chaleur des fourneaux dissimule la tiédeur affective du quotidien (ce que ce que certains psychologues appellent la compensation par la bouffe). Afin de ne pas compliquer encore davantage, on se gardera de prendre en compte les Français qui pratiquent leurs ébats dans la cuisine et ceux (parfois les mêmes) qui mangent sur le canapé ou dans leur lit… en regardant la télévision.
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