A en croire les chiffre de marché donnés le 15 décembre par l’Ipéa (Institut de promotion et d’études de l’ameublement), toutes les familles du meuble ont connu une meilleure année 2010 que 2009. Certes, concernant les 10 premiers mois de la période de référence, cette amélioration est à relativiser : faisant suite au déclenchement de la crise financière qui s’est muée en marasme socio-économique, 2009 a été une année historiquement mauvaise, et depuis 10 mois s’est produit en réalité un rattrapage, logique mais encore incomplet, de l’activité générale. Cette meilleure santé est également à nuancer selon les familles de produits et les secteurs de distribution, tout en confirmant le fait que ces disparités sont devenus année après année des fondamentaux de l’ameublement.
Ainsi, c’est une fois de plus la cuisine qui s’est révélée la meilleure de la classe, affichant deux +, soit une croissance estimée par l’Ipéa entre 5 et 10 %, donnée approximativequi dissimule là aussi des divergences entre les opérateurs du marché. Le poids des deux leaders français de la production (groupe Fournier et Salm), accru encore par leur croissance durant l’exercice presque achevé, a compensé les baisses de chiffre d’affaires d’autres acteurs, dont les difficultés ont même conduit certains à être placés en redressement judiciaire, voire à être mis en liquidation. Car n’oublions pas qu’il s’agit là des chiffres à la consommation et qu’ils peuvent occulter une production nationale globalement moins vigoureuse (voir notre article de cette semaine Bilan chiffré du marché en 2010). Il y a ainsi fort à parier que cette hausse est tirée par la pénétration encore vivace des fabricants allemands de no name en France, même si elle semble s’atténuer, et par la nouvelle vigueur des marques italiennes sur notre territoire dont les importations ont bondi de 10 % en 2010. Directeur de l’organisme d’études émanant de l’Unifa, Christophe Gazel a souligné de son côté que cette « nette reprise est due à celle de l’immobilier », un peu plus de 448 000 logements neufs ayant été construits en 2010 dans l’Hexagone, soit 11, 3 % de mieux que l’année précédente.
L’analyse de l’Ipéa concernant les circuits de distribution révèle une croissance encore plus forte des cuisinistes, puisqu’elle est approximativement estimée entre 10 et 15 % de janvier à octobre dernier, après avoir subi un recul de l’ordre de 0 à 5 % durant les mêmes dix mois de 2009. Là encore des disparités existent comme on peut le voir sur le tableau ci-dessus, mais c’est surtout au sein des divers créneaux de distribution que « les écarts se creusent de plus en plus entre les acteurs les plus dynamiques et ceux qui le sont moins, élargissant les fourchettes de - 29 % à + 37 % en avril ! ». De manière plus générale, les chiffres à la consommation ont progressé de 1, 2 % pour l’électroménager et 2,1 % pour le bricolage, alors qu’ils sont en baisse de 2,2 % pour le linge de maison et de 1,6 % pour le jardinage. Selon Christophe Gazel, « la réduction des primes sur les équipements d’énergie renouvelables devraient favoriser la vente d’équipement mobilier impliquant des investissements importants ». La cuisine intégrée est le produit répondant le mieux à cette définition…
Enfin, aux journalistes demandant pourquoi l’Ipéa fournira ses prévisions pour 2011 en février prochain (alors qu’il le faisait plus tôt les années précédentes), son directeur a précisé que c’était en raison « d’une réduction des effectifs de l’équipe d’enquête, ramenée à trois personnes ».
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