On savait qu’après s’être ouverte sur le séjour en étant abusivement qualifiée d’américaine, la cuisine investit désormais sa pièce voisine en y implantant des modules de meubles qui lui était propres auparavant, ceci dans un souci de cohérence esthétique. Le groupe Fournier (et sa marque Mobalpa en tête) est ainsi l’un des pionniers dans cette évolution douce qui conduit les industriels de la cuisine à se poser en véritable ensembliers de l’habitat (après avoir entrepris et réussi la diversification vers la salle de bains puis le dressing). Le phénomène fusionnel est tel que l’on évoque désormais une inversion de sens, « le salon s’ouvrant sur la cuisine », tendance constatée la semaine dernière à Eurocucina.
L’influence de cette dernière sur le séjour vient de trouver une illustration, et non des moindres en termes de symbole et d’importance bien réel de son instigateur sur le marché. De quoi inciter le site de L’Expansion à lui consacrer le 18 avril l’article suivant intitulé « Ikea invente l'électronique grand public encastrable ». On y apprend que le géant suédois de la distribution de l’ameublement « va lancer une ligne de meubles de salon avec téléviseur connectable, lecteur Blu-ray et système home-cinema 2.1 intégrés. Elle sera disponible dans cinq magasins européens à partir du mois de juin (dont Franconville en banlieue parisienne). La distribution s’étendra à sept pays à l’automne, puis dans le reste du monde en 2013. "Nous aurons une offre unique sur le marché", a déclaré un responsable d’Ikea. Les prix devraient commencer autour de 900 euros.
L'objectif est de permettre aux consommateurs de se débarrasser des fils qui traînent dans la pièce. C'est aussi l'idée d'améliorer le design d'ensemble, à l'image de ce qui se fait pour les cuisines équipées avec les appareils ménagers encastrables. En revanche, Ikea ne précise pas ce qu’il advient quand le matériel tombe en panne... Faudra-t-il changer de meuble ? » demande avec pertinence le magazine économique.
Pour ces matériels d’électronique grand public (EGP), Ikea s'est allié au fabricant chinois TCL (qui a repris la marque Thomson). Pour le coup, on notera que la démarche, loin d’être avant-gardiste, va à l’encontre des thèmes de relocalisation du sourcing, pour des raisons de sauvegarde de l’emploi en Europe – et en France comme l’a montré la campagne présidentielle –, de coûts croissants de transport (appelés à augmenter inexorablement) et de problèmes de s.a.v. des produits issus des ateliers chinois. Le choix de partenariat va même à rebours d’un mouvement déjà engagé, comme en témoigne la décision récente de Vestel, géant turc d’appareils ménagers de choisir comme fournisseur de composants l’usine française de Nevers Selni (il y a deux ans en RJ), alors qu’elle était en concurrence avec une unité chinoise. Le contrat porte ainsi sur la fabrication pendant dix ans, et au rythme de 2 millions d’unités par an, des moteurs de machines à laver. Motif invoqué : la qualité du savoir-faire français, le nouveau moteur générant 40 % d’économie d’énergie. Le bon sens serait-il de retour ?
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