Hardy-Roux en redressement judiciaire

Actualités - 11 oct. 2011

 

La société Hardy-Roux a été placée le 5 octobre en redressement judiciaire. Des bruits de couloirs couraient depuis plus d’un an sur la situation difficile que connaissait l’entreprise bretonne, la rumeur se précisant depuis quelques mois. N’ont malheureusement pas arrangé la chose les déclarations début 2011 de son Pdg Didier Roux concernant la sortie d’une nouvelle gamme, présentée comme l’arme pour lutter contre l’essor des marques allemandes en France, mais pouvant générer le sentiment d’une entreprise jadis réputée pour sa créativité mais en panne d’inspiration ou de repères : « Nous ne posons pas la question de savoir si nous devons ou pouvons baisser nos tarifs de 15 ou 20 % pour nous aligner sur cette concurrence allemande. Notre réaction a été en revanche de repartir d’une feuille blanche pour reconstruire une offre présentant des avantages concurrentiels en termes de qualité de produits, de dimensions, de personnalité et de prix » expliquait-il ainsi sur notre site le 22 février (cf. le lien à cliquer : Concurrence allemande : impact et réaction).     
 
Les faits n’ont ensuite rassuré personne : annoncé avec un teasing publicitaire pour le moins abscons (on y voyait un poisson dans un bocal) et révélant finalement un nom (Collection 74) qui l’est tout autant, le lancement de cette gamme a fait « pschhit », pour reprendre une expression célèbre d’un ancien président de la République, lors du Sadeec au printemps dernier. Reprenant certes la formule des multiples dimensionnels (avec des pas de 15 cm) des fabricants allemands, elle n’a pas apporté la nouveauté esthétique nécessaire à l’ambition qu’elle devait nourrir, ainsi que nous le signalions dans l’édition de printemps de notre Palmarès des modèles les plus séduisants (consultable en page d’accueil). Aussi sa mise sur le marché n’a pas suffi à redresser la barre.
 
En l’absence de communiqué officiel, le sort de l’entreprise sur lequel doit statuer le tribunal  demeure inconnu. On ne peut qu’espérer qu’elle pourra rebondir, tout en n’arrivant pas à trancher dans la question de savoir si la nouvelle la plus mauvaise pour l’industrie française - et dont personne ne peut se réjouir - est cette défaillance d’un de ses noms emblématiques, ou bien le fait que cela ne provoque plus le choc que cela aurait suscité il y a 5 ans et plus…                                     
 
A ce sujet, résonnent avec un écho amer les propos de notre confrère Eric Chevalier dans son analyse en rubrique Plats de consistance (cliquez sur le lien : Industrie de la cuisine allemande : le crépuscule des dieux) paru sur notre site en mai 2010 : « Bien qu’il ne s’agisse pas de notre sujet, il ne faudrait pas que l’industrie française du mobilier de cuisine soit exonérée à si bon compte de ses erreurs. À quelques exceptions près, notamment celle du groupe Fournier, (ou Pyram, NdA), cela fait au moins 15 ans qu’elle montre sa totale fermeture à toute évolution.(…) La plupart de ses modèles sont désespérément dépassés et ne peuvent même plus s’imposer dans la grande distribution pourtant moins regardante sur le « design » que les spécialistes. Elle a été incapable d’investir dans la communication et la publicité (...), même quand elle gagnait encore beaucoup d’argent. Bilan, des marques étrangères ont en communiquant imposé l’idée d’une qualité allemande et d’un design italien. Cette industrie a été en outre victime du vieillissement de ses dirigeants, incapables de s’adapter à une nouvelle donne, et de prédateurs en démantèlement industriel (Pinault et autres fonds de pension). Et au final, les Français doivent être l’un des rares peuples en Europe qui pensent dans leur majorité que les meubles de cuisine étrangers, allemands certes, mais aussi italiens, espagnols, etc., sont de bien meilleure qualité et de bien plus fin design que ceux qui sont encore signés made in France. Un désastre ! »

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