La crise pour le groupe Fournier aura été aussi courte que sa gestion a été remarquable, tant sur le court terme pour s’en extraire, qu’à plus longue échéance, pour en sortir renforcé dans ses positions, ses ambitions et surtout, sa légitimité de leader du marché. Telle pourrait être la synthèse des deux journées presse organisées en son fief de Thônes les 9 et 10 février. Le constat s’est fait, bien sûr, par la révélation des chiffres de bilan de l’an passé et de nouvelles perspectives pour celle qui débute. Mais il s’est aussi imposé de manière moins flagrante mais finalement tout autant convaincante, par l’attitude sereine et conviviale de ses dirigeants, de ses cadres dans divers services (produits, communication, marketing, formation, concept commercial) et du personnel ayant accueilli les journalistes, par leur volonté manifeste d’œuvrer chacun pour le bénéfice collectif. L’ambiance au sein d’une entreprise est un aspect sur lequel on ne peut pas tricher et qui est toujours un baromètre fiable de sa santé réelle. Sans aller à la comparer à Ally Mc Beal, celle régnant au sein du groupe Fournier semble en heureux décalage avec l’atmosphère générale de notre société actuelle et de nombre d’entreprises.
Révélés par Laurent Marguerettaz, directeur commercial de réseaux, les chiffres confirment ce bon état du moral. En 2010, le chiffre d’affaires du groupe a progressé de 11 % pour s’établir à 222 millions d’euros. Le rattrapage est donc presque total par rapport à l’année 2008 qui s était achevée sur un chiffre de 226 M.€, avant que la crise socio-économique en général et le dépôt de bilan de la Camif en particulier (plus gros client de Domactis, MDD du groupe Fournier) viennent grever les comptes de l’exercice suivant, conclu à 199 M.€. Ce rattrapage s’est accompagné « d’une reprise de parts de marché pour notre groupe et pour Mobalpa particulièrement, car selon nos estimations internes, le marché français de la cuisine a progressé de 3 % en 2010, soit bien moins que nos 11 % de croissance. Cela nous inspire confiance pour 2011, d’autant plus que la TVA à 5,5 % a été maintenue pour cette nouvelle année, et que nos magasins enregistrent une reprise concrète depuis janvier ».
Les chiffres de production par famille de produits établissent une hausse de 12 % pour la cuisine (85 % du c.a global), de 8% pour la salle de bains, ou il est leader français, notamment avec Delpha (10 % du c.a) et de 15 % pour le rangement (5 % du c.a). La politique de forts investissements industriels s’est poursuivie en 2010, portant sur 6 M.€ et elle sera amplifiée cette année avec 15 M.€, notamment dans la capacité de production (ligne de panneaux et de montage sur divers sites).
La moitié de l’augmentation globale du c.a a été générée par les ouvertures de magasins. Avec plus de 400 points de vente dans le monde, Mobalpa a progressé de 9 % en 2010, aidée par la solidité financière du réseau qui n’a pas connu de défaillances, par le succès de la réactualisation de la gamme et par un rythme d’ouvertures soutenu. Le trafic de clientèle en magasin reste le point à optimiser et des solutions pertinentes vont être appliquées (lire notre article de cette semaine Mobalpa, puissance +, x 5). Le c.a de Pérène a augmenté de 7 %, les 140 magasins adoptant le nouveau concept ayant progressé de 16 %. 14 inaugurations ont été réalisées. Cette réussite est expliquée par la cohérente complémentarité de positionnement avec Mobalpa, dont les paniers moyens après avoir été proches en 2007, divergent aujourd’hui (9 000 € h.t pour Mobalpa, 12 000 € h.t pour Pérène, avec pose et électroménager). L’ambition est de continuer à monter en gamme « afin d’être reconnue comme la marque et le réseau leader sur le segment premium, situé entre le cœur du marché moyen de gamme et le haut de gamme élitiste dominé par Poggenpohl, Bulthaup et Boffi ».
Le panier moyen de SoCoo’c est de 5 000 €. Comptant 30 magasins, l’enseigne benjamine du groupe a doublé son chiffre d’affaires en 2010. Les dix premiers espaces de vente ouverts en 2007 et 2008 réalisant une hausse de 25 %, montrant que le développement continue de se produire aussi à périmètre égal. Franchise et non système de concession comme ses sœurs aînées, le réseau de SoCoo’c s’étoffe par la venue de commerçants et managers expérimentés dans d’autres domaines que la cuisine et qui s’y forment de manière pointue à Thônes.
Pour 2011, l’objectif est de croître encore de 9 % pour atteindre 242 M. € de chiffre d’affaires global.
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