Entreprendre en France : le parcours du combattant…

Actualités - 08 nov. 2013

L’entame d’article de notre confrère des Echos Richard Hiault est sans concession à la prévenance de forme : « Il est plus facile de créer et développer une entreprise au Rwanda, en Arabie saoudite ou en Géorgie… qu’en France ». C’est en effet ce que vient d’établir le classement annuel de la Banque mondiale, intitulé Doing Business 2014 et qui, publié le 29 octobre, devrait encore constituer une  polémique de plus dans le monde économique et politique. C’est, qu’à son tour, cette hiérarchie fait reculer en une année notre pays de 4 places pour le placer au 38e rang des 189 états analysés. «  Si la France s’est enfoncée dans ce classement, elle le doit au fait que les autres pays ont entrepris plus de réformes qu’elle », explique Jean-Michel Lobet, l’un des auteurs du rapport. Sur la période considérée (juin 2012-mai 2013), seul un changement portant sur le transfert de propriété a ainsi été mis en œuvre dans l’Hexagone. Et encore, des problèmes de délais administratifs demeurent (cf. infra).   

 

Dans tous les autres domaines (création d’une entreprise, permis de construire, raccordement au réseau électrique, enregistrement de propriété, obtention de crédits, facilité de commerce, résolution des faillites…), aucune réforme d’envergure n’a été entreprise, précise notre confrère économique, avant d’entamer une revue de détails peu flatteuse. La fameuse exception culturelle française se traduit aussi ici : au total, dans le monde, 114 pays ont adopté 138 réformes, soit une hausse de 18 % par rapport à la même période de l’année précédente.

     

L’Hexagone se classe ainsi au 149e rang mondial ­concernant l’enregistrement de la propriété pour laquelle il faut 8 procédures et 49 jours, contre 6 procédures et 21,5 jours au Royaume-Uni, cité à titre de comparaison. Même médiocre performance soulignée pour les permis de construire d’entrepôts ou de locaux administratifs (92e rang) dont le coût – 244 % du revenu par habitant – est exorbitant par rapport à l’Allemagne (46,7 %) ou au Royaume-Uni (66 %). « Il faut 184 jours en France pour obtenir un permis de construire, ce qui est bien trop élevé » complète Jean-Michel Lobet.

 

D’autres freins sont aussi regrettables que davantage connus parce que plus régulièrement dénoncés. A commencer par les possibilités d’exportation et d’importation. Pour une fois, on ne vouera pas la France aux gémonies pour son penchant névrotique pour la paperasse : elle se distingue par un faible nombre de documents nécessaires à remplir (2 ­contre 4 au Royaume-Uni et en Allemagne). En revanche, les coûts, mesurés en dollars par conteneur, sont plus élevés. Ils sont de 1 335 dollars par unité exportée (contre 905 dollars en Allemagne) et de 1 445 dollars par unité importée (940 dollars outre-Rhin). Comme le conclue notre confrère, non sans un certain cynisme, les Français pourront se consoler en observant qu’au sein de l’Union européenne, l’Espagne, l’Italie, la Grèce ou la République tchèque sont plus mal classées.

 

Afin de faire bonne mesure, on conclura en précisant que nombre d’observateurs économiques contestent la pertinence des critères retenus pour le classement Doing Business, qui ne tient pas compte, par exemple, de l’environnement démocratique et du droit commercial des pays concernés, pourtant essentiels pour l’épanouissement des entreprises. De plus, signalons qu’un autre classement international place la France en 3ème position derrière les Etats-Unis et le Japon pour l’innovation et que notre pays fait aussi partie des quatre au monde accueillant le plus gros montant d’investissements étrangers, ce qui atteste de son attractivité.

 

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