La nouvelle sera bonne pour les fabricants d’appareils ménagers, gros ou petits, de pose libre ou encastrables, qui se plaignent du développement d’un marché sauvage sur un Internet. On relativisera d’emblée ces réactions outrées en précisant que d’autres observateurs, distributeurs en magasins physiques, déplorent quant à eux le double jeu des mêmes marques d’électroménager, présentes sur les sites de vente en ligne (cf. notre article en rubrique Plats de consistance, en cliquant sur le lien Marché de dupes... ou d’avenir. Remettons à plus tard le débat de la complaisance de ces mêmes marques ou a contrario de leur impossibilité à faire l’impasse sur un circuit de distribution désormais incontournable (ce qui peut s’avérer dangereux en termes concurrentiels et de pertes de parts de marché) et concentrons-nous sur la nouvelle du jour : Kelkoo s'est fait épingler par la cour d’appel de Grenoble.
Si vous ne savez pas ce qu’est Kelkoo, de nombreux consommateurs adeptes de l’Internet le savent. Il ne s’agit pas d’un F.A.I (fournisseur d’accès à la Toile dont certains ont d’ailleurs maille à partir avec la justice et les associations de consommateurs). Non, Kelkoo est l’un des sites comparateurs de prix très prisés des consommateurs (c’est même l’un des plus connus et fréquentés), qui les consultent notamment avant d’acheter un produit électronique ou électroménager. Ces sites proposent en effet de rechercher une référence précise chez les cyber-marchands et de comparer les tarifs afin que l’internaute puisse choisir la meilleure offre. Or, Que Choisir et d’autres publications qui dénoncent leur manque de transparence et d’objectivité viennent d’être validées par un récent arrêt de la cour d’appel de Grenoble. Celui-ci a en effet confirmé sans ambiguïté la vraie nature des comparateurs qui sont assimilés à des sites publicitaires. Dans le cadre d’une affaire qui l’opposait à un site d’e-commerce, les juges ont ainsi fait la liste de tous les griefs reprochés à Kelkoo, et par extension à tout comparateur de prix. A savoir :
- pas de mise à jour en temps réel des prix ;
- pas d’indication des périodes de validité des offres ;
- pas d’indication des frais de port ;
- pas d’indication des conditions de garantie des produits ;
- pas d’indication des caractéristiques principales des produits.
Que Choisir y ajoute deux autres défauts : une présentation des produits intéressée afin de valoriser les produits des partenaires plutôt que ceux s’avérant les plus intéressants économiquement ; et des insertions de produits dans les listes de résultats ne correspondant pas à la demande. De quoi induire les consommateurs en erreur quand ils pensent s’adresser à un comparateur présentant les articles de manière transparente, et les inciter à privilégier un site apparemment moins cher au détriment d’autres réellement plus intéressants. C’est pourquoi la cour d’appel a notifié : « La présentation des offres n’est pas objective car elle est effectuée par les marchands qui font la promotion de leurs produits. Par ailleurs, la diffusion de l’information est conditionnée par l’existence d’un contrat entre les vendeurs et Kelkoo qui est rémunéré par eux ».
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