Doit-on se servir de l'auto en panne ?

Actualités - 03 févr. 2012

Le chiffre provoquerait un effroi ou une déprime brutale dans la filière cuisine s’il la concernait. Brutale comme son ampleur : le marché automobile français a chuté de 20,7 % en janvier pour tomber à son plus bas niveau depuis 14 ans. On rétorquera que de tels  mouvements ne sont pas inédits dans ce secteur habitué aux effets yo-yo qui sont de surcroît favorisés et amplifiés par des aides substantielles de l’Etat (cf. les baladurettes et autres jupettes jusqu’aux primes à la casse plus récentes). Reste que de telles aides ne sont, pour l’heure, pas prévues et qu’au contraire la disparition des dernières primes à la casse et le contexte économique morose augurent pour la filière un premier semestre difficile.

 

Selon les chiffres publiés mercredi par le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), les immatriculations dans l’Hexagone sont ressorties le mois dernier à 147 143 unités, soit près de 39 000 de moins qu’en janvier 2011. Les ventes d’utilitaires légers ont mieux résisté, mais encaissent leur premier recul depuis plusieurs mois (2,5 % en données brutes). Pour Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem de l’automobile, il faut y voir « un indicateur de plus sur le contexte économique. Un voyant orange supplémentaire s’est allumé. La tendance est mauvaise pour les ventes aux particuliers, mais le climat dégradé va peser aussi sur les ventes aux sociétés ».

 

Au-delà de relativiser le caractère plus tendu des affaires dans les magasins de cuisine, l’étude de la conjoncture de l’automobile en janvier est riche d’enseignements pouvant servir de comparaisons (nul n’a attendu cet article pour dresser, parfois même abusivement, des ponts entre ies deux secteurs ou, à défaut d’éclairage. Premier enseignement : les subventions publiques, parfois appelées de leurs vœux par les cuisinistes, peuvent se révéler un cadeau empoisonné, créant un effet de dépression lorsqu’elles cessent. Ainsi, le CCFA souligne que les constructeurs qui ont bénéficié de la prime à la casse ont vu leurs immatriculations fortement baisser. En outre, la perspective de la sortie de nouveaux modèles durant l’année suscite l’attentisme des futurs clients, ajoute-t-on. Un phénomène qui ne joue pas en cuisine.  

 


 

Ensuite, la crise impacte moins que les marques moyen et haut de gamme que les plus populaires. Ce n’est certes pas nouveau (le luxe est souvent et logiquement le dernier segment affecté), mais cela devrait faire réfléchir les cuisinistes et fabricants tentés de baisser leurs niveaux de prestations - et donc de tarifs - pour mieux séduire les consommateurs et résister aux généralistes (Ikea, au premier chef). Démonstration par l’exemple : les ventes de voitures du groupe PSA Peugeot Citroën ont chuté le mois dernier de 27,4%, tandis que celles du groupe Renault ont dégringolé de 32,7% (-36,9% pour la marque au losange et -10,5% pour la marque low cost Dacia). Parmi les autres généralistes, la marque Fiat a vu ses ventes en France chuter de 40,9 %. En revanche, le groupe allemand Volkswagen a encore tiré son épingle du jeu (+ 18,2 %), celles de sa marque éponyme (la plus cotée après Audi, face à Seat et surtout Skoda) bondissant de 26, 8%. Et BMW reste aussi puissante que ses berlines avec  + 16 %. Certes, il y a des exceptions qui confirment la règle : les ventes de Nissan, partenaire de Renault, ont crû de 19%, lui permettant de dépasser sur le mois Opel (groupe GM) qui, décidément, n’aura pas profité de ses spots TV en allemand, matraquant des « deutsche qualität » à chaque phrase (Volkswagen et son sobre « Das Auto » écrit en fin de spot, aura évité de gratter là où un sentiment de germanophobie pouvait irriter  ces derniers mois, en raison du déséquilibre du couple « Merkozy ».     

 

 

Enfin, si la cuisine subit les aléas du logement, elle profite en revanche d’une vogue médiatique et populaire pour la décoration  intérieure, nourrie par le réflexe du cocooning toujours fort en temps de crise. L’automobile doit quant à elle jongler avec ceux des prix du carburant dont on annonce la hausse inéluctable à court et surtout moyen ou long termes, et par une considération moins positive (le terme de « désamour » a été prononcé ce matin sur Europe 1). Prévoyant un environnement difficile en 2012, les directions de PSA et Renault ont déclaré   tabler sur une baisse d’au moins 3 % du marché européen et sur un recul de 5 à 8 % dans leur fief français.

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