Des magasins de meubles ouvert 24 H/24 sans personnel
C’est que propose une chaîne suédoise de canapés et sièges, afin de permettre aux consommateurs de voir et d’essayer même les produits à tout moment. Qu’en pensent les cuisinistes français ?
Après avoir généré une révolution qui, avec Ikea, a déferlé sur le monde, la Suède sera-t-elle à nouveau le creuset d’un changement radical dans le commerce de l’ameublement ? Le site export.businessfrance.fr annonce en effet que Soffadirekt, une chaîne suédoise d’ameublement, de canapés et sièges précisément, a lancé un nouveau concept de magasins sans personnel. Venant en complément de son site de ventes en ligne, l’entreprise dispose ainsi de trois magasins implantés dans les villes de Göteborg, Norrköping et Värnamo et qui sont uniquement arpentés par des consommateurs souhaitant acquérir un article de la marque, sans être soumis au feu roulant des questions incessantes des vendeurs (et pour cause, puisqu’on vous dit qu’ils ne sont pas là, partis, envolés, disparus, annihilés, désintégrés dans la 5ème dimension de cette forme étrange de vie sans vie du commerce post-moderne).
L’étrange rode en effet, car les clients ont accès aux boutiques 24 heures sur 24, afin de pouvoir voir les produits en situation réelle, sans craindre d’y croiser fantômes, spectres, farfadets et autres créatures de la nuit. Les consommateurs trop inquiets peuvent même se détendre en essayant canapés et divans, afin de toucher et apprécier la qualité des matériaux, mais aussi, peut-être, de pratiquer la renommée gymnastique suédoise, toujours à fin légitime de se relaxer (si ces magasins étaient situés à Bangkok, ne parlerait-on pas de fauteuil de massage thaïlandais ?). Et de fait, les ressorts des canapés comme les réflexes d’achat sont du registre de la vie privée : on passera donc sur ceux conduisant à de tels essayages impératifs et subits (le « t » est muet) au milieu de la nuit (même si celle-ci est parfois courte au pays du soleil de minuit ou même si, à l’inverse, le milieu de la nuit, se situe en hiver à 6 heures du matin).
Ces magasins suédois ne sont toutefois pas des auberges espagnoles, ouverts à tous les vents. Pour y avoir accès, il est nécessaire de s’enregistrer en envoyant un sms à l’entreprise, afin d’obtenir un code d’accès à la porte d’entrée (oui, cela fait un peu club privé…). Si les clients ont des questions sur les produits en boutique, ils sont dirigés ensuite vers un numéro de téléphone (qui a dit « rose » ?) assurant le service clientèle.
« Jusqu’à présent, le concept fonctionne très bien et plaît aux clients » relaye le site export.businessfrance.fr (ne nous demandez pas les motifs de satisfaction) qui précise que « cette chaîne n’a, par ailleurs, été vitrine d’aucun vol ou dégradation ». Cela serait-il le cas en France ? Et les cuisinistes seraient-il prêts à permettre au grand public de faire les trois huit dans leur magasin en libre accès (même dans les zones touristiques dessinées par Emmanuel Macron) ?
Tiens, parfois, la réponse est déjà dans la question… Cela dit, peut-être y a t-il des personnes qui ont des envies irrépressibles de caresser des plans de travail, ouvrir une porte de réfrigérateur, jouer avec la douceur progressive d’un amortisseur de tiroir, sentir l’air brulant d’un four pyrolyse sur le visage, jouer à la chaise bulgare (non, pas ça !). D’ailleurs, arrêtons-là, et rappelons que les ressorts et réflexes d’achat sont du registre de la vie privée !
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