Décryptage d'une polémique

Actualités - 17 sept. 2010

Intitulé « L’obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage » et rendu public cette semaine (lire notre article en cliquant sur le lien L’électroménager est-il volontairement périssable ? , le rapport de l’ONG Les Amis de la terre sur les produits électriques et électroniques, risque bien de créer la plus virulente polémique dans le monde de l’électroménager, voire une défiance des consommateurs et des associations les représentant vis à vis des fabricants. Polémique plus forte même que celle générée par l’émission de France 2 diffusée au printemps dernier et qui mettait en cause les méthodes douteuses de S.A.V mises en œuvre par les enseignes spécialisées telles que Darty et Boulanger, avec la complicité passive des marques d’industriel.       

 
Certains y verront l’illustration cynique mais réaliste des dérives de la société de surconsommation dans les pays riches tels que le nôtre, et qui impose ses lois d’obligation de profits à tous prix, dans les sens abstraits et concrets du terme, et de fuite en avant dans les domaines de la production et de la consommation débridées. On pourra se dire que le procès intenté à la filière électrodomestique est justifié - à défaut d’être juste - si on adopte la même rigueur de jugement à tous les autres secteurs de l’industrie, versant dans les mêmes travers. A commencer par ceux, connexes, voire complices, du pétrole et de l’automobile, qui continue de dégager d’immenses profits, avec l’aide des pouvoirs publics, en incitant à changer toujours plus souvent de voitures (les chiffres en attestent),  quitte à continuer de réchauffer notre climat menacé pour les modèles à essence ou, pour ceux diesel, à multiplier les cas de pathologies respiratoires de tous les habitants, qu’ils soient fumeurs, adultes ou non, ceci sans que soient apposés d’obligatoires messages comminatoires de santé publique sur les carrosseries. Ou le secteur des banques, renflouées par les états, et qui, amnésiques des causes de la crise économique mondiale, continuent leurs discours de séduction vers les consommateurs sans tenir leurs promesses de soutien aux PME, selon ces dernières. 
 
On pourra aussi avancer qu’un fabricant a pour devoir de bonne gestion de trouver un compromis lui assurant la pérennité : la durée de vie de ses produits ne doit pas être trop longue pour ne pas induire des renouvellements trop lents et donc préjudiciables au dynamisme d’entreprises oeuvrant sur des marchés stables démographiquement (voire en baisse) ; elle ne doit pas être trop courte non plus, au risque de dégrader l’image des marques et les ventes par rebond. On pourra suggérer que la réduction de vie n’en est pas vraiment une, mais plutôt un renouvellement plus fréquent des appareils, décidé par les consommateurs désireux de profiter des innovations technologiques qui arrivent sur le marché à un rythme plus élevé qu’avant. Ce dernier constat en entraîne un autre qui couvre toute la question soulevée par le rapport rendu public cette semaine : à savoir que ce choix des consommateurs, même s’il est favorisé par les discours marketing des fabricants et - ce qui reste à prouver – par leur stratégie de réduction de durée des appareils, est avant tout le fruit d’un contexte global de société, dont nous sommes tous co-responsables, généré par des paramètres économiques et sociaux, influençant des modes de consommation , ceux s’en émancipant risquant d’être marginalisés, voire stigmatisés (mot en vogue depuis quelques mois).       
         
Quoi qu’il en soit, ce rapport a le mérite de poser un débat que les industriels de l’électroménager, qui entendent bien s’y inscrire pleinement, feraient bien de ne pas évincer, afin de ne pas paraître opaque et nourrir précisément cette polémique.     

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