On l’emploie tous les jours, conduisant à croire qu’elle existe depuis toujours. Ou du moins depuis très longtemps, c’est-à-dire depuis que l’homme et sa moitié se sont mis à table. Or, le mot « assiette » est plus récent qu’on ne le croit (auparavant, il était attesté au sens financier, qui est demeuré jusqu’au aujourd’hui ; cf. l’assiette - ou répartition - des impôts). Certes tout est relatif : c’est seulement depuis le 16ème siècle qu’il désigne un ustensile ménager. On peut même préciser que l’usage moderne de la cuillère lui est lié, car auparavant chaque convive se servait d’une écuelle pour puiser les aliments liquides (potages) dans la marmite commune. Les viandes étaient quant à elles prises dans un plat présenté aux hôtes ou posé au centre de la table, avant d’être placées sur une tranche de pain.
Conçues sans doute en étain, les premières assiettes semblent avoir servi le 14 mai 1514, lors du mariage de François 1(régnant de 1515 à 1547) et de Claude de France. Comme de coutume, la cour fit mode et l’utilisation du prandial récipient plat se répandit dans le royaume tout en adoptant la faïence. Les seuls autres couverts présents sur les tables de l’époque étaient d’une part les couteaux, et d’autre part les verres, coupes, tasses, gobelets, pots et autres hanaps (grands vases). Encore ces récipients étaient-ils en nombre limité, les convives se les passant de l’un à l’autre.
Le règne de Henri III (1574 - 1589) a apporté une nouvelle mode vestimentaire dont les conséquences sur la façon de manger sont aussi fameuses qu’actuelle : l’avènement des larges fraises (collerettes plissées) autour du cou va inciter à l’utilisation de cuillère et de la fourchette afin de ne pas faire de taches (ou d’en limiter le nombre). C’est le roi lui-même qui, après avoir découvert la fourchette à Venise, en est devenu le principal promoteur de notre côté des Alpes, rapidement relayé par ses zélés courtisans. Encore jeune, l’ustensile culinaire n’avait cependant pas encore tous ses dents qu’on lui connaît aujourd’hui : deux seulement, mais longues et effilées, permettaient de piquer viandes et autres rôts cuits à la braise dans les vastes cheminées des châteaux…
Partager cet article