Le fameux french paradox a de beaux jours devant lui : vous savez, cette façon que nous avons de combiner des choses peu conciliables pour les autres Terriens et qui nous permettent d’obtenir, sciemment ou non, des résultats aussi peu prévisibles qu’ils semblent défier la logique. Ceci concerne tant les comportements (avec pour expression bien connue et enviée le régime alimentaire du sud-ouest) que les mentalités, sur lesquelles s’appuient d’ailleurs les défenseurs de la tout autant fameuse exception culturelle française.
Dernier exemple en date : celui fourni hier mardi par l’enquête mensuelle de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) sur le moral des ménages français. Ces derniers se déclarent ainsi plus confiants pour l’avenir en France ... mais toujours inquiets pour leur situation personnelle ...
En effet, nos compatriotes semblent plus sereins à propos du redressement du niveau de vie dans leur pays, les deux soldes d’opinions calculés par l’Insee (celui sur le niveau de vie passé et celui pour le futur) continuant de progresser depuis juin, gagnant même deux points en octobre. De même, ils estiment que l’inflation telle qu’ils la perçoivent a reculé ces derniers mois et devrait se stabiliser. Même le chômage, qui pourtant constitue leur première crainte bien légitime, semble moins les inquiéter. Reste à savoir s’il s’agit là d’un effet de lassitude ou d’habitude face aux annonces répétées de sa hausse, ou au contraire de sondés qui ne savent pas que la baisse annoncée en septembre était en réalité une erreur due à un bug général de SFR ne comptabilisant par les actualisations d’un grand nombre de demandeurs d’emplois.
L’arbre fleuri en cet été indien ne doit pas cacher la forêt plus froide et humide. D’une part, tous les soldes calculés par l’Insee en octobre restent largement en dessous de leur niveau de longue période, signe que la situation est loin d’être bonne. Ce qui ne surprendra personne. D’autre part, les Français sont moins enthousiastes lorsqu’ils sont interrogés sur leur situation personnelle, déplorant la détérioration de leur situation financière personnelle, le solde d’opinion restant à des niveaux toujours très proches de ceux enregistrés à l’automne 2008 au moment de la crise financière. De même,ils sont toujours d’avis qu’il est opportun d’épargner, ce qui n’est pas de bon augure pour la consommation à venir… tout en étant « plus nombreux qu’en septembre à considérer comme opportun de faire des achats importants ».
Le french paradox profitera t-il ainsi au marché français de la cuisine équipée, achat d’envie au moins autant de besoin ? Pourquoi pas : le rêve et le plaisir y sont des notions clés et c’est aussi le plaisir qui explique le paradoxe de la distribution alimentaire. Au moment où la crise et la hausse de la fiscalité (plus de 80 mesures prises par le gouvernement Ayrault ! sans compter celles annoncées et avortées) mettent le pouvoir d'achat des Français sous pression, les enseignes de hard discount, réputées les mieux adaptées à la crise, perdent des parts de marché. Après avoir culminé 2009 à 14 %, selon le panéliste Kantar Worldpanel, elles sont ainsi descendues à 12,6 % le 22 octobre, date du dernier relevé. Explications données : « les consommateurs veulent des prix, mais aussi du plaisir ».
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