Concurrence allemande : impact et réaction

Actualités - 22 févr. 2011

Alain Georges, directeur général de la société Sagne

 

« Comme tous les autres fabricants français de cuisines de taille moyenne, nous souffrons depuis deux ans de la concurrence étrangère. Les fabricants allemands étant de loin actuellement les plus agressifs. Cela se manifeste par la pratique de prix ultra-compétitifs accompagné d’une grande puissance commerciale. Ceci tant au niveau des centrales d’achats que des négociants indépendants à qui il est proposé des magasins « clés en main ». Pour arriver à de tels avantages, les industriels germaniques doivent être non seulement ultra productifs mais ils doivent certainement faire appel à la sous-traitance, pour une partie de leur production, dans des pays de l’Europe de l’Est ou les charges sociales et salariales sont inférieures. On nous parle d’Europe unifiée, mais chaque pays pratique des politiques particulières en termes fiscal, salarial, de TVA, d’horaires de travail, etc. Or ces distorsions désavantagent les entreprises françaises de la fabrication de cuisines, comme d’autres secteurs industriels.

 

De fait, c’est d’autant plus difficile de lutter face aux entreprises allemandes qui disposent d’usines très performantes il faut le reconnaître. La concurrence italienne est d’une autre nature, reposant sur une mise en exergue du design et donc favorisant les choix esthétiques des consommateurs. En revanche, je n’entends pas beaucoup parler actuellement  des fabricants espagnols sur le marché français.

 

La concurrence des industriels allemands dans l’Hexagone va se poursuivre en 2011 et les années suivantes, tant que les pouvoirs politiques français n’auront pas réglé ces problèmes de distorsion intra-européenne. Nous verrons certainement arriver d’autres pays comme par exemple la Pologne qui ont une industrie du meuble importante. Aussi je crois que les industries à forte main d’œuvre comme la nôtre auront des problèmes si rien n’ai fait au niveau politique.

 

Il nous est impossible de réduire nos tarifs de 15 à 20 % pour mieux résister face à cette concurrence. Nous le ferions, si nous le pouvions. Pour y parvenir, il nous faudrait faire beaucoup appel à une sous-traitance dans des pays à plus faible coût de main d’œuvre, mais cela détruirait autant d’emplois en France. L’unification politique de l’Europe est une belle idée, mais les gouvernements successifs ont brûlé les étapes en intégrant trop vite un grand nombre de pays qui n’étaient pas, et ne sont toujours pas, au même niveau fiscal, social et économique que les états fondateurs de l’Europe de l’Ouest ». L’Europe s’est faite trop vite ! ».

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