Concurrence allemande : impact et réaction

Actualités - 22 févr. 2011
Alain Prieur, dirigeant de la société Pyram :

 

« Nous souffrons sans conteste de la concurrence étrangère en France. Celle-ci ne se ressent pas dans les magasins exclusifs à notre marque, mais chez les cuisinistes multimarques et indisciplinés. Nous ne voyons plus vraiment les fabricants espagnols, sauf certains en entrée de gamme. De leur coté, les Italiens sont présents en masse à la Foire de Paris, mais beaucoup moins sur le terrain, sauf dans le sud-est de la France. Ils proposent pourtant des produits intéressants, mais souvent par le biais de multicartes, ce qui ne favorise pas leur implantation dans la durée. De fait, la vague des cuisines italiennes s’est amoindrie par rapport à ce que nous ressentions il y a quelques années.

 

En revanche, les fabricants allemands sont devenus très efficaces et présents sur le marché français au cours des dernières années. Ils ont pour eux l’avantage d’être souvent des firmes industrielles de grande taille, sans commune mesure avec celle des PME françaises. Aussi ne nous est-il pas possible de lutter à armes égales, que ce soit en termes de puissance et volumes de production, de largeur de gamme ou de niveaux de prix. Les opérateurs nous imposant la plus forte concurrence sont Häcker et Nobilia, même s’il est vrai que Nolte, qui est présent depuis plus longtemps et sous son nom de marque dans les réseaux cuisinistes, reste également un concurrent actif. Nous arrivons aujourd’hui à une situation de non-sens : les produits de Nobilia ou de Häcker inondent le marché français de la cuisine, tant chez les cuisinistes que dans les grandes surfaces type Darty ou But, et tout le monde se bat pour les avoir dans son offre, motivé par la volonté de réaliser de grandes marges tout en étant attractif pour les consommateurs.

 

Je pense que cette concurrence des industriels allemands va se poursuivre en 2011, ceci d’autant plus que leur marché intérieur ne suffit pas pour écouler leurs immenses volumes de production. Or ces dernières sont indispensables au regard de la taille de leurs usines et des capacités de leur machines. De plus, le marché français demeure un excellent débouché pour eux, en raison de sa proximité géographique et de son fort potentiel de croissance, sans doute le plus fort d’Europe.  Et de ce fait, cette attractivité de notre pays incite de nouveaux fabricants à l’investir également, tel Schüller ou Schröder que l’on ne connaissait pas il y a trois ans. Or, ils exercent une pression supplémentaire sur nous, d’autant plus forte qu’ils sont tentés de proposer des tarifs plus bas encore, pour se distinguer de leurs concurrents allemands implantés avant eux. Tout ceci entraine une confusion dans l’image de la cuisine véhiculée auprès des consommateurs. Les publicités vantent très souvent des ensembles de cuisine proposés à des prix d’attaque et qui sont tous du même style européen. Cela banalise le look de la cuisine intégrée et marginalise des productions françaises un peu typées qui avaient droit de cité dans le panorama du marché il y a quelques années encore. Ce vaste mouvement de fond esthétique favorise d’avantage les gros acteurs industriels allemands. De plus, Ikea continue sa progression et impose lui aussi sa forte concurrence aux cuisinistes qui sont situés sur la zone de chalandise étendue de ses magasins.

 

Il nous est impossible de baisser nos tarifs de 15 ou 20 % pour nous aligner sur cette nouvelle concurrence, notre taille d’entreprise et système de fonctionnement ne le permettant pas. Notre stratégie de réaction est de privilégier une collaboration avec les distributeurs de cuisines indépendants. Nous avons besoin de préserver nos marges pour maintenir notre activité en 2011 et les années suivantes. Notre atout face à des fournisseurs étrangers reste la qualité d’écoute et une collaboration construite sur la durée, ce qui est rarement le point fort des étrangers, même allemands  ».

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