Chaque Français est endetté de 30 000 euros

Actualités - 23 sept. 2013

Si on demandait à chaque Français et Française ce qu’il ferait s’il pouvait dépenser 30 000 euros, on peut gager (et souhaiter) qu’un pourcentage non négligeable opterait pour l’achat d’une cuisine équipée, acquisition qui fait toujours rêver et qui n’est pas à la portée de toutes les bourses (ces deux constats se vérifiant particulièrement à de tels montants d’investissements). Or, il y a loin du rêve à la réalité et celle-ci aurait plutôt tendance, en la matière, à se rapprocher du cauchemar.

 

En effet, selon Le Figaro, le taux d’endettement de l’Etat français devrait grimper jusqu’à 95,1 % de notre produit intérieur brut (PIB), atteignant en fin d’année près de 1 950 milliards d’euros, ceci même dans le cas d’une reprise de croissance à 0,9 %. Ce taux fait mentir à la hausse les prévisions que le Ministère des Finances à Bercy a communiquées au printemps dernier à Bruxelles dans le programme de stabilité fixant comme objectif d’atteindre un taux de 94,3 %.

En deux ans, sous l’effet de la crise, la France a ainsi été obligée d’emprunter de plus en plus, creusant sa dette de 120 milliards d’euros et faisant grimper son de 90,2 % du PIB en 2012 à  93,4 % en 2013. La raison ? Notre Etat doit principalement financer son déficit public en empruntant sur les marchés. Et même si le gouvernement actuel prévoit de le ramener de 4,1% à 3,6 % à la fin 2014, il faudra attendre 2015 pour en voir les effets. La dette a de plus été grevée de 48 milliards en 2012 par les plans de soutien financiers à la zone euro. Un nouveau volet doit même être voté pour venir en aide à la Grèce, tonneau percé des Danaïdes pour l’Union européenne dont le mot d’ordre est de sauver l’euro, à tout prix… L’addition pourrait ainsi être de 68,7 milliards d’euros fin 2014 alors que sans cela, la dette retomberait à 91,8 % du PIB à la fin de l’année prochaine.

 

Qu’en est-il des 30 000 euros annoncés dans le titre et au début de cet article ? Il s’agit en fait de la somme que devrait en théorie rembourser chaque Français si tous les créanciers de notre pays réclamaient simultanément leur dû. Pas de catastrophisme : ce cas est improbable. Primo, un pays peut se mettre, non en faillite, mais en cessation de paiement s’il ne peut plus solder ses comptes (c’est ce que fit l’Argentine en 2002) ; secundo, les créanciers ont tout intérêt (dans les deux sens du mot) à reporter le règlement de leur dette, afin que tourne un système leur profitant. La France va d’ailleurs devoir rembourser à certains d’entre eux 46 milliards d’euros.

 

Le système pourrait cependant se gripper sérieusement avec la remontée des taux d’intérêt entamée depuis un an et qui atteignent 2,57 %A comparer  avec le 1,94 % dont bénéficie l’Allemagne, toujours considérée comme place sûre, alors que l’Italiesubit une pression avec    4,45 %. L’engagement par le gouvernement de réformes structurelles lourdes comme pour les retraites et la réduction des dépenses publiques a ainsi pour effet de conserver la confiance des soutiens financiers. Reste à savoir si ceci n’est pas une fuite en avant et que, dans cinq ans, chaque Français ne devra pas sacrifier des rêves de cuisine très haut de gamme à 50 000 euros, en cas d’impatience de ces mêmes soutiens… 

 

 

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