Castorama prime le service français de cuisines… roumaines ?

Actualités - 19 oct. 2012

On a appris ce matin par la newsletter de l’Unifa qu’à la convention fournisseurs de Castorama, enseigne leader de grande surface de bricolage, la société alsacienne WM88 a été sacrée meilleur fournisseur 2012. « La cuisine a été le plus gros changement de gamme de l’année pour Castorama ; il a été fait en un temps record. La progression du chiffre d’affaires est de plus de 70 % et le taux de service est de 98  %. Bravo à WM88 » a déclaré Hervé Onfray, directeur Produits Aménagement de l’enseigne de GSB (grande surface de bricolage), qui appartient au groupe britannique Kingfisher.

 

De quoi réjouir notre ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, qui vient d’enfiler une marinière Armor Lux  pour faire la promotion du made in France, robot ménager au bras, en couverture du Parisien Magazine (cf. visuel ci-contre) ? Pas sûr. Car si, née de la reprise de Manuest en 2011 par Weber Industrie, fabricant de meubles en kit implanté à Mertzwiller dans le Bas-Rhin, WM88 est bien une société française, dont le siège sociale est à Evry, ses meubles de cuisines semblent bien être produits hors de l’Hexagone, en Roumanie, si l’on en croit Dominique Weber.

 

Le patron de Weber Industrie justifiait en effet ce choix de sourcing dans une interview accordée le 4 mars 2011 à notre confrère Le journal des entreprises (Bas-Rhin) :    

« Dès la fin des années 60, nous avons fait produire des chaises pliantes dans les pays de l’Est, à la demande d’Habitat et de Prisunic, qui cherchaient des prix. Après la chute du Mur, nous avons ouvert un bureau d’approvisionnement à Bucarest pour le marché français. Nous avons ensuite racheté une scierie, devenue site de production, puis construit une autre usine, en maintenant en France la conception, la logistique et l’après-vente. La Roumanie reste aujourd’hui une base de production compétitive par rapport à la Chine. Cette expérience internationale a clairement joué dans la négociation de notre contrat avec Kingfisher pour WM88 ». A lire dans son intégralité sur le lien suivant : http://www.lejournaldesentreprises.com/editions/67/actualite/entreprise-du-mois/weber-industries-le-menuisier-de-mertzwiller-passe-en-cuisine-04-03-2011-117901.php  

 

La distinction accordée à WM 88 peut être perçue de deux manières. On peut se réjouir qu’elle concerne une entreprise française dont la qualité de services séduit une enseigne de distribution leader dans son segment et qui doit répondre à des exigences de rentabilité définies par un groupe international. On peut aussi considérer, comme le souligne Dominique Weber, que ce choix repose sur des critères de tarifs, attractifs en raison d’une production moins coûteuse parce que réalisée dans un pays à main d’œuvre qui l’est également (le même argument est employé par le groupe Renault pour justifier l’implantation des chaînes de montages de ses automobiles - et des Dacia – en Roumanie ou au Maroc). Au moment du fameux choc de compétitivité demandé par les entreprises françaises et étudié par le gouvernement, se pose alors, dans la cuisine aussi, la question épineuse et très d’actualité            du différentiel de charges sociales et patronales au sein d’une Europe qui compte trop de vitesses pour avancer unie dans la même direction.  

 

Reste que l’impact reste encore limité pour les marques distribuées par les cuisinistes, qui ont heureusement d’autres atouts à faire valoir que le seul prix afin de justifier leurs compétences de spécialistes.                               

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