A Bruxelles, on ne se noircit pas les cellules grises seulement à chercher une solution au règlement (quitte à passer par son annulation partielle ou totale) de la dette grecque. Les membres de la Commission planchent aussi sur un sujet qui va changer leur façon de rester éveillés durant leurs interminables réunions ou, plus précisément, l’appareil le plus utilisé à cet effet, dans la capitale belge, comme ailleurs : la cafetière.
Dans les plus hautes instances, on s’inquiète en effet que certains modèles consomment trop d’électricité pour dispenser le noir breuvage en version courte, allongée ou cappuccino. Crise oblige, la Commission européenne a donc décidé en juillet de plancher sur le coût énergétique de ces petits appareils électroménagers dont il se vend quelque 18 millions d’unités de janvier à décembre. Car le calcul a de quoi exciter davantage qu’un expresso bu à Milan : chaque année, près de 17 térawatts/heure, dont 3 TWh en France, sont consommés pour faire fonctionner les cafetières. La facture s’élève à 2,5 milliards d’euros selon la Commission, qui entend bien réduire ce chiffre dans les années à venir.
Dans les colonnes du Monde, Shailendra Mudgal, directeur du cabinet Bio Intelligence Service et auteur d’une étude de référence, expliquait récemment que « ce qui pose problème pour les machines à café, ce n’est pas vraiment l'énergie nécessaire à la production du café, mais c'est l’énergie dépensée pour chauffer l’eau et surtout maintenir le café chaud ». Ainsi, ne plus laisser la cafetière allumée permettrait de réduire de trois quarts la facture énergétique.
Mais des solutions plus radicales sont aussi envisagées. Bio Intelligence Service propose de retirer de la vente, d’ici 2018, toutes les machines traditionnelles - les cafetières familiales à filtre avec une plaque chauffante - qui sont gourmandes en électricité. Gain estimé sur les factures d'électricité annuelles des Français : 250 millions d’euros, soit ce que consomme… le métro parisien ! La Commission européenne pourrait également décider d’obliger les fabricants à instaurer une étiquette informative sur la dépense en énergie. Le verdict devrait tomber à la fin du trimestre. A ceux qui pensent que la rigueur devient trop serrée, rappelons que durant la crise de 1929 les Brésiliens brûlaient des tonnes de grains de café - parce qu’ils ne valaient plus rien - dans les locomotives pour les faire avancer…
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