2015, une bonne année pour devenir cuisiniste?

Actualités - 22 juil. 2015

Après avoir obtenu un diplôme d’ébénisterie, notre cuisiniste témoin a épanoui ses dons de créativité  quelques temps dans l’agencement de l’habitat. Il a ensuite travaillé durant 15 ans au sein de grandes firmes industrielles de la cuisine, l’une étrangère et l’autre française, ce qui lui a permis de bien connaitre ses processus de production et ce marché de consommation. Le 22 janvier dernier, réalisant un projet qui « lui tenait à cœur depuis le début de sa carrière », il a ouvert son propre magasin de cuisines près d’Annecy, préfecture de la Haute-Savoie où il réside depuis longtemps.

Lecteur assidu de Culture Cuisine, il a souhaité témoigner de son expérience en conservant l’anonymat, afin de garder toute l’objectivité de son intervention sur notre site d’information, celle-ci ne devant pas être interprétée comme délibérément favorable à la marque de cuisine qu’il distribue, pouvant ainsi servir d’exemple pour tout autre professionnel se jetant dans le bain... pardon : dans la cuisine.  

 

Culture Cuisine : Comment s’est passé ce premier semestre de démarrage en termes d’activités ?

Cuisiniste témoin : « Il a été plutôt encourageant, même si l’activité s’est produite en dents de scie. Ainsi, le mois de février a été le mois de lancement donc il a fallu faire preuve de patience avant de connaître les premières retombées. De plus il a été rythmé par les soldes d’hiver, incitant les consommateurs à se rendre dans les magasins de vêtements, et parce que c’était aussi la période de sports d’hiver durant laquelle les Savoyards se retrouvent sur les pistes de ski. En revanche, mars a été un mois très dynamique, tant en termes de fréquentation que de ventes réalisées. Afin de faire connaitre le magasin, j’avais mené dès l’ouverture une campagne conséquente de prospectus distribués dans les boites aux lettres de ma zone de chalandise. Je l’ai reconduite en mars, en la combinant cette fois avec une campagne d’affichage. Avril a été une phase nécessaire de relance des contacts qui ne s’est malheureusement pas traduite pleinement en mai pour cause de ponts nombreux, ni en juin en raison d’un marché restant tendu. De manière globale, j’ai pu constater que les gens prennent leur temps avant de concrétiser leur projet, ce qui peut générer un écart de 2, voir 3 mois entre le premier rendez-vous et la décision d’achat. Enfin, je suis très satisfait du taux de parrainage qui atteint déjà celui d’un magasin connu sur sa zone de chalandise et qui est une source importante de fréquentation.

 

Culture Cuisine : Quelles idées du métier aviez-vous auparavant et qui ont été confirmées dans son exercice au quotidien ?

Cuisiniste témoin : Elles concernent les contacts avec la clientèle et la possibilité de donner libre cours à mon esprit de créativité, en l’appliquant au cahier des charges aussi contraignant que passionnant qu’est chaque ensemble personnalisé de cuisine équipée. Les 6 mois écoulés ont conforté la raison pour laquelle je souhaitais faire ce métier, à savoir imaginer et réaliser les solutions d’aménagement répondant le plus précisément aux envies de chaque client, parfois même en les anticipant pour leur plus grand plaisir.

 

Culture Cuisine : Quelles visions du métier ont été à l’inverse contrariées ou démenties ? Et quelles sont vos déceptions ?

Cuisiniste témoin : Comme tout entrepreneur s’investissant à fond dans la concrétisation d’un projet lui tenant à cœur et espérant sa plus grande réussite à la mesure de sa motivation, j’ai sans doute montré un enthousiasme excessif. Aussi, j’ai cru qu’après des mois de travail et de préparation intenses durant lesquels j’ai entretenu un certain suspense sur la nature de ma nouvelle activité, j’allais recevoir la visite d’un grand nombre de prospects désirant m’acheter absolument une cuisine équipée (rires). La réalité m’a vite fait déchanter. La concurrence s’est quant à elle montrée plutôt loyale, certains cuisinistes venant me rendre une visite de courtoisie. En revanche, je soupçonne un de mes confrères d’être venu de manière incognito dans mon magasin pour connaitre mon offre, mes tarifs et ma qualité de service. Enfin, si je m’attendais à devoir négocier parfois âprement avec des clients exigeants ou pointilleux, j’ai été déçu de la conduite de quelques-uns me demandant de réaliser leur projet pour ne donner ensuite plus aucune nouvelle, malgré mes relances répétées. Outre d’être un manque de correction, cette conduite est regrettable parce que je peux comprendre les refus de faire appel à mes services, mais il est toujours utile d’en connaitre les raisons, afin de définir les points devant être améliorés (accueil, offre produits, pertinence du projet proposé, tarifs, etc.).

 

Culture Cuisine : Ces constats ont-ils changé votre approche concrète du métier de cuisiniste ?        

Cuisiniste témoin : Oui, ce premier semestre d’exercice m’a conduit à adapter certaines façons de procéder. Le point sur lequel j’ai le plus progressé concerne la définition des projets la plus conforme aux besoins et envies précis de chaque client. Le point qui conserve encore la plus grande marge de progression est la communication, afin de faire de mon magasin un lieu de visite quasi incontournable pour tout acheteur potentiel de cuisine sur ma zone de chalandise

.

Culture Cuisine : Enfin, conseillerez-vous à une autre personne de se lancer d’ouvrir un magasin ?

Cuisiniste témoin : A titre personnel, si c’était à refaire, je reproduirais cette expérience sans hésiter. De manière générale, je ne pense pas que 2015 soit une année propice ou défavorable pour ouvrir un magasin de cuisine. Quelle que soit l’époque ou le contexte économique, la principale qualité pour réussir réside dans une motivation sincère pour exercer ce métier. Un cuisiniste ne vend pas des chemises que les clients emportent simplement après les avoir essayées. La cuisine équipée est un produit non fini qui nécessite de la passion, de la créativité, de la patience et un sens aigu de la relation humaine pour pouvoir donner toute satisfaction au cuisiniste comme à ses clients. C’est pourquoi ce métier peut entrainer des joies ou des déceptions intenses à la mesure de l’investissement du professionnel ».  

 
 

 

Partager cet article

2015, une bonne année pour devenir cuisiniste?
2015, une bonne année pour devenir cuisiniste?

Liens sur vignettes ci-dessous