Les grands de l’électroménager écopent d’une amende record

Actualités - 24 déc. 2024

Elle se monte à 611 millions d’euros et a été annoncée jeudi dernier 19 décembre par l’Autorité de la concurrence qui l’a infligée pour entente sur les prix à onze fabricants et importateurs parmi les plus importants et connus du secteur, ainsi qu’à Darty et Boulanger. La décision a été rendue publique par injonction de l’Autorité de la publier dans les journaux Le Monde et Les Echos.

Le sujet est traité comme un maronier à chaque période de Noël : il y a des cadeaux au pied du sapin qui ne font pas plaisir à ceux qui les reçoivent, qu’il s’agisse des fameux pulls pouvant concourir aux fameux concours du plus moche, des parfums dont on ne supporte pas la fragrance, ou d’objets ne correspondant ni aux goûts, ni aux activités préférées des récipiendaires (perceuse aux allergiques au bricolage, Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand en Pléiade aux financiers pensant qu’il n’y a de livres que sterling, etc.) Mais tous ces présents, sans futur car appelés à retourner au magasin dès le 26 décembre ou à se retrouver sur des sites internet de revente, ne sont rien, en termes de désagrément ou de mauvaise surprise gâchant les fêtes, comparé à la sanction reçue le 19 décembre dernier par dix fabricants et importateurs parmi les plus importants et connus du secteur ainsi qu’à Darty et Boulanger : une amende record de 611 millions d’euros infligée par l’Autorité de la concurrence.

Cette dernière leur reproche « des pratiques extrêmement graves ayant nui aux consommateurs et aux distributeurs » et les enjoint par ailleurs de publier le résumé de la décision dans les éditions papiers et Internet des journaux Le Monde et Les Echos. Eu égard à l’ampleur de l’affaire, d’autres médias en ont l’information. Le Figaro note ainsi que « cette entente est apparue au début des années 2000, à l’époque de l’émergence de l’e-commerce. Inquiets de l’arrivée de nouveaux sites de vente « pure players », les fabricants de produits d’électroménager sanctionnés et leurs deux distributeurs clés ont franchi la ligne rouge, afin de préserver leurs marges. Pour être plus efficaces, ils n’ont pas lésiné sur les moyens : langage codé, intimidations, mesures de rétorsion… 

(…) Les faits incriminés ont eu lieu entre février 2007 et décembre 2014. Avec pour "objectif de maintenir des prix de vente plus élevés, notamment face à l’émergence de distributeurs en ligne concurrents”, selon les sages de la Rue de l’Échelle. Ces pratiques anti-concurrentielles avaient été révélées grâce à plusieurs indices transmis par la DGCCRF, qui ont donné lieu à des opérations de saisies et visites en 2013 et 2014. » Si la décision de sanctionner les entreprises visées a attendu 2024, c’est que, souligne le quotidien, « il a fallu plus de dix ans d’enquête pour lever le voile sur cette entente, grâce à la saisie de captures d’écran de relevés de prix, d’e-mails, des fichiers Excel, de nombreux témoignages.    

(…) À la veille de Noël, cette lourde sanction ne pouvait pas plus mal tomber pour les acteurs de l’électroménager. Après la distribution de produits électroniques (1,2 milliard d’euros de sanction en 2020), les produits d’hygiène et d’entretien (951 millions en 2014), le transport de colis (672 millions en 2015), cette sanction est la plus importante jamais prononcée par l’Autorité de la concurrence. »

Neomag, notre éminent confrère spécialisé en électroménager, précise le montant de chaque amende : « BSH (54 millions d'euros), Candy Hoover (22,75 millions d'euros), Eberhardt (100 000 euros), Electrolux (44,5 millions d'euros), Whirlpool en tant que successeur d’Indesit (27,75 millions d'euros), LG (15,5 millions d'euros), Miele (14,25 millions d'euros), SEB (189,5 millions d'euros), Smeg (4,8 millions d'euros), Whirlpool (44,5 millions d'euros), Boulanger (84,35 millions d'euros) et Darty (109 millions d'euros). »   

Seuls SEB et Boulanger ont contesté les faits qui leur sont reprochés, précise Le Figaro. « L’industriel français est le plus lourdement sanctionné de tous, à hauteur de 189,5 millions d’euros, pour des pratiques remontant à la période 2008-2013. Sa direction va former un recours devant la cour d’appel de Paris, confiante d’être en mesure de prouver que la décision de l’Autorité n’est fondée ni en droit ni en fait ". Le grand distributeur, dans le giron du même groupe qu’Auchan ou Décathlon, « dénonce, de son côté, « une décision purement scandaleuse. » Annonce a été faite de contester cette décision, avertissant qu’elle « empruntera toutes les voies de recours en sa possession, notamment devant la cour d’appel de Paris ».

J.A

Sources :

Autorité de la concurrence (texte et vidéo ci-dessus à droite)  

Le Figaro

Neomag

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