Quels salaires pour les concepteurs-vendeurs ?

Actualités - 19 juin 2018

Quel salaire pour les concepteurs-vendeurs ?

Le sujet n’est pas forcément tabou mais depuis longtemps, entre deux plongées dans les eaux sombres de la profession, il refait surface comme un serpent de mer dans les discussions des cuisinistes qui dénoncent des montants jugés fantaisistes ou déconnectés de la réalité des magasins. Nous avons mené l’enquête.    

 

Quel est aujourd’hui le montant (moyenne ou fourchette) pour un débutant et un salarié confirmé ? Quelle est en pourcentage la part du fixe et de la commission ?    

Selon Claude Dickely directeur d’Alsace Cuisines, les montants varient « de 1500 à 3500 euros net, avec 30 % de fixe et 70 % de commissions ». Son confrère Pierre Reux, gérant de Culinelle au Chesnay (Yvelines) note quant à lui que « pour un débutant, le salaire fixe et 2500 € + 3 % de commission sur ses ventes et 1% de plus sur l’ensemble des ventes du magasin, afin de limiter les tensions et d’avoir un bon climat social. Pour un vendeur confirmé, la commission peut varier de 5 à 7 % sur les meubles et l’électroménager hors taxe, et 1% sur l’ensemble des ventes du magasin, avec un minimum garanti de 1500 € net dans le cas où aucune vente n’est réalisée, ce qui n’arrive jamais » précise-t-il. Arnaud Bernollin, gérant du fameux magasin homonyme à Lyon préfère annualiser son estimation, et distinguer « un débutant qui gagne en moyenne 32 à 35 000 euros brut, et un confirmé qui perçoit 40 à 50 000 euros, provenant à parts égales du fixe et de la commission. » Notons que le site http://www.metiersducommerce.fr/ définit le salaire brut d’un concepteur-vendeur de cuisine entre 1 500 € et 1 700 € par mois, à quoi s’ajoutent des primes.

 

Les salaires ont-ils évolué ces dix dernières années ? Cette évolution est-elle motivée à la hausse par la rareté ou la meilleure qualification des concepteurs-vendeurs ? Ou subit-elle une pression à la baisse pour d’autres raisons d’ordre socioéconomique ?

« On assiste à une baisse constante depuis 10 ans, de l’ordre de 30 %, dont la cause la plus souvent évoquée est la conjoncture économique sans que l’on puisse faire la juste part des choses entre le prétexte et la réalité » déplore Claude Dickely, en regrettant « ce constat pénible alors que le niveau de qualification a augmenté chez nous, comme la polyvalence et les horaires des concepteurs-vendeurs, ainsi que la complexité des projets et le niveau d’architecture des ensembles ». Le directeur d’Alsace Cuisines conclut en élargissant le débat sous la forme d’un appel de mobilisation lancé à la filière : « Quand les cuisinistes accepteront-ils tous et dans leur intérêt évident de faire payer les devis ? Cela limitera leur nombre et augmentera leur qualité. De plus, cela donnera de la valeur à notre travail et de la considération pour nos compétences, un travail gratuit ne valant rien et n’étant pas respecté. Messieurs les cuisinistes, un peu de courage ! »

Dans son magasin à l’ouest de Paris, Pierre Reux souligne que « les salaires n’ont pas évolué, même si la concurrence est de plus en plus active et casse les prix. Maintenir le même niveau est une façon pour nous de fidéliser notre personnel compétent et d’éviter ainsi qu’il parte travailler chez nos confrères ». Plus au sud, dans la capitale des Gaules, Arnaud Bernollin note quant à lui que « les salaires sont plutôt à la hausse, car les vendeurs confirmés et avec un véritable profil technico-commercial sont difficiles à trouver. Il convient donc de les motiver et les garder… »

 

Le salaire est donc à la fois vecteur efficace pour motiver les jeunes d’intégrer des magasins de cuisines et un garant fondamental de leur fidélité. Il traduit aussi de manière logique et légitime, tant par le biais du montant fixe que par les taux de commission, la qualité de ces collaborateurs en première ligne pour dynamiser l’activité des points de vente comme pour leur conférer une bonne réputation, génératrice de fréquentation. Tous les patrons de magasins que nous avons sondés s’accordent ainsi pour rappeler que les très bons concepteurs-vendeurs sont rares, donc précieux, et qu‘à l’instar des joueurs de football les plus doués, il faut savoir se donner les moyens pour les garder dans son équipe, sous peine de subir un mercato pénible.        

 

Jérôme Alberola

NB : Si vous souhaitez donner votre avis sur ce sujet, écrivez à la rédaction dans notre rubrique Contacts en bas de ce site.  

Partager cet article

Quels salaires pour les concepteurs-vendeurs ?
Quels salaires pour les concepteurs-vendeurs ?

Liens sur vignettes ci-dessous