Les magasins ont-ils un avenir ?

Actualités - 14 févr. 2017

Les magasins ont-ils un avenir ?

La question est souvent posée face à l’essor du e-commerce qui essore les versions physiques de certains secteurs. Mais l’espoir demeure, car le magasin est le lieu rêvé de toutes les expérimentations, comme l’analyse l’experte Sandrine Saporta, co-fondatrice de l’agence Ciblo. Si l’approche est transversale, son raisonnement s’applique particulièrement aux espaces de vente de cuisines équipées.


« Depuis quelques années, certains commerçants  s’inquiètent de voir, le commerce physique, littéralement anéanti par la croissance spectaculaire des transactions Internet. 

 

Et même si, aujourd’hui, on parle de renouveau pour les boutiques grâce au « phygital », et au cross-canal, beaucoup regardent encore le e-commerce - ce concurrent direct et déloyal - d’un œil méfiant., Il est vrai que la compétition est rude car nous sommes, depuis l’avènement du web, dans une économie qui favorise la multiplicité - jusqu’à l’overdose - des offres de tous pays, entraînant des stratégies de discount et de promotions, parfois si agressives, qu’elles mettent en péril  la viabilité de l’activité.

 

C’est pourquoi, je suis très confiante pour l’avenir des magasins !


Paradoxal, penserez-vous ! Pas tant que ça,  car les consommateurs ont très nettement évolué dans leur rapport à la consommation : le produit - sa possession surtout - est moins prisée aujourd’hui que son usage, l’innovation qu’il apporte et l’éthique dans laquelle il s’inscrit.

 

Le consommateur actuel possède énormément et pourtant, il se sent encore frustré. C’est pourquoi il attend quelque chose de radicalement différent. En fait, ce sont les e-marchands, eux-mêmes, qui ont tué leur business, et quasiment écœuré leurs clients à force de les harceler frénétiquement de produits ou services à très faible valeur ajoutée.

 

L’acheteur, à présent, est attiré par des produits qui répondent à un besoin authentique qu’il éprouve – et pas celui que le marketing veut lui vendre. Pour preuve, les sites de crowfunding qui croulent sous les précommandes de produits qui n’existent pas encore ! Soit, il  désire se remplir de sensations qui feront vibrer ses cinq sens, être immergé dans un univers de marque original pour vivre une véritable expérience autour du produit dont  le parcours d’achat sera une composante de l’équation.

 

Ainsi, on n’achète plus un simple produit mais également le souvenir du moment incroyable qu’a représenté cet acte. Internet, aussi puissant soit-il, est inapte à apporter cette expérience multi-sensorielle. Il reste un média froid car la communication y est désincarnée.  En revanche, le magasin est le lieu rêvé de toutes les expérimentations - s’il se donne la peine de s’adapter à cette nouvelle tendance qui allie consommation et entertainement. Il permet la rencontre, l’échange, le partage,… En somme, quelque chose qui va beaucoup lus loin que le matériel et,  surtout, qui fait sens.

 

En réalité, il y a fort à parier que plus le digital va se développer, plus le besoin de relation humaine va se faire ressentir et les magasins seront ces nouveaux points de contact. »

 

Co-fondatrice de l'agence Ciblo en 2000, Sandrine Saporta se définit aujourd’hui comme « conseil en anticipation digitale », arguant que la transformation ayant eu lieu, ce qui importe est de prévoir les changements à venir. Croyant sincèrement au pouvoir de la french touch, elle y a consacré dernièrement l’ouvrage Comment booster sa marque sur Internet, paru aux Éditions Eyrolles. Enfin, elle pratique et enseigne le Yoga « car il faut être solide, ancré et bien armé pour survivre aux tempêtes du web ».

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